Réponds-moi si tu me lis.
- Maman, nous n'avons pas beaucoup de lecteurs, et pourtant j'aime bien vos ébats avec Jacques et d'autres participants avec des fleurets ( article du 12 août ). J'ai vécu dans le monde des épées, dans mon enfance et n'ai pas oublié les processions en chantant pour déboucher les chiottes qui devaient avoir besoin de réparations mais je ne les ai plus revus après la mort de Grand-Mère. Quand je pense que cette dernière a eu l'audace de réfugiés ces lieux d'aisance ( selon votre expression ) aux officiers allemands lors de l'invasion et qu'ils ont obéi! Grand-Mère avait toutes les audaces.
- Je l'aurais voulu plus froide mais ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'elle protégeait ses enfants, notamment ses filles présentes. En 39, mon père m'a dit de me cacher, mais en 44, ce fut ma mère. Elle avait été avertie par l'officier qu'il ne tenait pas ses cosaques. Mon père était hospitalisé.
- Vous avez été bombardés plus tard, me semble-t-il.
- Oui, nous avons échappé à deux bombardements dont une attaque de la maison où nous aurions tous été fusillés. Notre voisin nous a sauvés : tu l'as connu, enfant.
- Je m'en souviens. Nous étions allés le voir en Lozère où il s'était retiré avec sa femme, dans un cadre magnifique. Que pensez-vous des vidéos qui mettent en lien Garabandal et la guerre d'Ukraine.
- La même chose que toi, chère imbécile : ce sont des propos d'exaltés sur des faits difficiles à comprendre et dont il faut voir la version la plus sobre. Je me demande pourquoi la mère de Sophiana a encore regardé des vidéos de Fabienne Guerrero! Cette fausse bonne soeur réclame de l'argent et est obsédée par le sexe dont elle fait un péché mortel. C'est bien ignorer la beauté de l'étreinte des corps. Sans doute n'est-elle pas très équilibrée.
- Sont-ce vos jets d'ordures ou la chance qui explique la faible dépense des réparations électriques?
- Les deux, mon capitaine, car tu ne pourras pas payer une autre réparation. Notre arsenal est toujours prêt ( article du 12 août ).
- Je n'ai pas reçu la consultation juridique de Jacques.
- Elle a été piratée mais je crois que ta boite est réparée. Il va te la renvoyer, sinon, nous opterons pour la voie postale avec une montgolfière.
- Maman, je réagis comme le SDF qui squatte dans la rue. Je l'ai entendu appeler sa famille. Est-ce ridicule?
- Non, tu as raison. Comme disait ta grand-mère paternelle " il faut que cela se sache ". Elle hurlait au téléphone en 68. A l'époque d'internet, c'est tragicomique mais je te vois rire.
- " Qué voix qu'est fait" ( quelle voix qu'elle fait ) : c'était l'époque des intermédiaires au téléphone et c'était parfois drôle, mais votre mère était émue comme un zébu ( expression familiale dont j'ignore l'origine ) au sujet de son mari hospitalisé.
- Actuellement, tu reçois des appels d'arnaques en tous genre : ce n'est pas ce dont tu as besoin. Jacques va t'envoyer une consultation juridique précise et nous organisons un bal des fantômes pour réveiller tes frères et soeur ainsi que ce putain de notaire!
- Vous avez un bon programme pour le bal des fantômes?
- Ophélie et Soeur Emmanuelle vont nous aider : nous envoyons une horde de chiffonniers et de chiffonnières qui vont leur jeter des ordures en pleine gueule pour les obliger à réagir! Pas seulement des tomates et des oranges!
- Vous passerez au matériel solide?
- Nous commencerons par les débris de verre, puis les débris de fer : ils vont commencer à saigner.
- Chez qui l'enverrez-vous?
- Chez Adolf en priorité, peut-être chez Benoit.
- Je n'ose plus écrire à Benoit. Il ne répond pas.
- Nous sommes scandalisés, Jacques et moi : nous vous avons donné une éducation correcte, tout de même!
- Vous croyez qu'ils comprendront d'où cela vient?
- Si c'est infernal, ils feront venir un curé ou un medium. Mais nous avons l'intention de leur dire ce que nous pensons de leur attitude. Le flot sera permanent y compris avec des matériaux plus lourds jusqu'à ce qu'ils agissent. Marianne est en pause semble-t-il : elle reçoit ses amies. Elles seront cinq si j'ai bien compris. Nous avons choisi de rester à deux pour notre anniversaire de mariage, mais nous avons innové avec une bataille aux fleurets, ceux de l'armoire qui était en face des chiottes. Nous avons trouvé quelques académiciens déjà armés don Jean d'Ormesson. Nous voulions Hélène Carrère d'Encausse mais cela suppose qu'elle fasse un voyage astral. Chut, tu ne le répèteras pas mais nous avons pu la recevoir avec Lustiger dont le rôle consistait à bénir nos fantaisies et à nous offrir une messe de qualité. Il a choisi du Mozart don L'Ave Verum que tu désires pour tes obsèques. En attendant, il bénit le flot d'ordures que nous allons projeter sur Adolf.
Réponds-moi s'il te plait.
- Que faire Marguerite? Votre fils m'a envoyé un courriel fou et juridiquement faux.
- Juridiquement, il ne peut pas te foutre à la rue mais il est d'un égoïsme dont j'ai honte. Comment dis-tu? " koss om ik " ( le con de ta mère, ou maudite soit celle qui t'a engendré ). J'ai mal au con.
- C'est ennuyeux, Maman, la veille de votre anniversaire de mariage!
- Ecoute, cette nuit, je vois Jacques, et comme je cause en baisant, je lui demanderai de t'envoyer une consultation juridique. ( Pour le lecteur, j'avais pris une colère envers une femme irresponsable : " quand tu baises, tu causes ou non? " ).
- Demandez-lui s'il peut faire pression sur le notaire parce qu'il faut bien débloquer la situation.
- Je ne sais pas mais tu trembles de panique! N'oublie pas : tu as le droit à un cinquième de la succession. Au pire, il y a les petites soeurs des pauvres : tu as raison de rire! C'est un plan à la con inventé par tes cousines, comme si elles ne pouvaient pas t'héberger. Elles sont riches comme Crésus.
- J'ai un rendez-vous à la con : j'ai autre chose à penser.
- Je sais mais ce type est un connard alors, ne t'affole pas et surtout ne lui parle pas de tes soucis. Tu dois ce rendez-vous à ton frère " koss om ik ".
- Adolf est-il idiot ou égoïste?
- L'égoïsme peut conduire à la bêtise. Ce qu'il t'a écrit n'a aucune valeur juridique. Je crois qu'il tente de te manipuler.
- Il est vraiment dégueulasse.
- Imagine comment Soeur Emmanuelle lui répondrait!
- Oh! Elle piquerait une colère et serait scandalisée : elle le ferait rentrer sous terre.
- En somme, ne pense pas à te flinguer! Emmanuelle le menace.
- Vous l'avez vue?
- Elle vient à notre anniversaire de mariage pour résoudre tes problèmes de bidonville. Tu peux lui faire confiance, et compte aussi sur nous. Tu es plus intelligente que ton frère qui te prend pour une imbécile. Requiem in pacce.
- Déjà? Je vais vous rejoindre et voir les copains des sphères astrales?
- Patiente un peu. Je te fais vivre une expérience de mort imminente thérapeutique mais tu as du rab.
- Merci de me détendre un peu! Le rendez-vous à la con me fait chier!
- Attends : je transférerai ta chiasse sur ton frère pour le ramener à la raison.
- " Les jolies colonies de vacances, merci Maman.... "
- Qu'en pensez-vous Maman : il la fera cette nouvelle réparation?
- Il devrait mais il est en pleine illégalité! Avec un peu de chance, tu trouveras un électricien acceptant de réparer un tableau électrique ancien.
- Vous avez la foi ou vous espérez quoiqu'il arrive?
- Les deux, mon capitaine! Quand je pense que tu as droit à un cinquième de cet héritage! Garde ton sang froid! As-tu des nouvelles de " ligli k be "?
- J'aurais dû l'épouser pensez-vous. " Ligli k be " ( il n'y a pas de fric ) est donc né dans la misère et il en garda ce nom. Je l'ai rencontré avec Véronique à Lomé capitale du Togo. Il enseignait à l'université. Nous avons éclaté de rire et j'ai dit : " vous vous en êtes bien sorti. Nous parlons moba " ( Je précise ces points pour le lecteur ).
- mais ligli be dans la succession!
- Maman, le notaire est incapable de débloquer la situation. Qu'allons-nous inventer? ( pour le lecteur " ke "est la négation, donc ligli be signifie le fric est là. ). Au fait, Benoit croyait que Le Saint Esprit allumait la petite lampe rouge à côté du tabernacle. Ce serait pratique comme électricien...
- Benoit arrive à vivre, toi non : il faut que tout ceci bouge.
- A mon âge, je ne peux pas me prostituer : je ne vaux rien sur le marché!
- Attends, tu vaux un cinquième de succession sans compter ta valeur personnelle. Ce n'est pas au locataire de faire ces réparations. Tu as besoin de ta machine à laver le linge, de tes prises, de l'éclairage dans la salle de bain : ne cède pas!
- Demandez un miracle dans les sphères astrales : un électricien qui répare un tableau électrique ancien et sans doute hors normes. Nul ne fait fonction de propriétaire ici.
- Tentons tout : si je le peux, je t'envoie un électricien pas aux normes. Sinon, Lucifer aura à agir chez toi ou à faire sauter l'installation de S où habite ton frère. Evite de trop économiser sur la nourriture.
- Je peux tenir avec très peu, ne vous inquiétez pas. Pouvez-vous demander à Lucifer de foutre le bordel chez le notaire pour qu'il agisse?
- Chez le notaire et chez tes frères et soeur! Je te tape sur mon putain de nez que nous allons agir! ( le lecteur reconnaitra une expression favorite de ma mère dont j'ignore l'origine " Je te tape sur mon putain de nez " ).
-
- Maman, comment arriviez-vous à vous servir de votre téléphone portable préhistorique avec un répondeur dont vous ignoriez l'origine. La voix du pauvre petit était telle que nous supposions tous que vous nous aviez caché le petit dernier de la famille!
- Je n'ai jamais pu enlever ce putain de répondeur : il y avait un raté dans ce téléphone où tu m'as dit de rentrer avec Jacques en dromadaire par le massif central! ( Pour le lecteur, mon père venait d'avoir un infarctus et ma soeur refusait d'écouter les recommandations de l'hôpital : ne pas franchir le massif central et le contourner! Mon père avait eu un infarctus parce que ma soeur avait refusé de m'inviter au mariage de sa fille! Elle fut prise d'une crise d'Ave Maria quand j'ai téléphoné de la part du chirurgien, d'où la nécessité du téléphone de ma mère ). Où en es tu de ton piratage?
- Mon cher Watson, élémentaire, j'ai appelé l'opérateur, et j'ai trouvé une conseillère en chair et en os : cela change des messages envoyés par serveurs.
- Et que t'a dit cette charmante donzelle?
- De ne pas m'inquiéter, qu'elle faisait tout, y compris au sujet d'une étrange commande n'émanant pas de moi.
- Tu crois que c'est bon!
- L'avenir le dira. S'il le faut, j'irai à la poste et la renverrai à l'opérateur, mais a priori, elle n'arrivera pas.
- Ton coiffeur coûte la peau des fesses. Il faut en trouver un autre.
- Je trouve que ses fesses sont surévaluées. J'envisage de demander une adresse à la maman de Baya.
- Excellente idée : sa coupe courte est au point. Elle se console de la mort de Baya? ( sa chienne ).
- Elle a des photos partout. Baya n'en pouvait plus.
- Je suis sûre que la maman de Baya a de bonnes idées au sujet des économies astucieuses. Consulte-la.
- Il marche encore votre téléphone?
- Tu as la ligne directe : cela te suffit.
Je n'ai pas tout compris et n'ose pas donner d'indications ici. J'ai fait les démarches conseillées.
Si tu passes, Marianne, laisse un signe : merci d'avance.
Il y a une erreur.
Marianne cite Paul Bourget et je fus étonnée qu'un auteur si classique ait écrit : " L'érotisme survit à tout ". Plus étrange :" Il n'y a qu'une manière d'être heureux par le coeur : c'est de ne pas en avoir ".
Dans mon imaginaire " le démon de midi " est la passion qui embrase un bel homme à l'âge mûr. Je revois l'homme de Suez qui me plaqua contre un poteau dans le canal. Embrasse moi sinon je ne te lâche pas. Nous étions entourés de femmes voilées et d'hommes en turbans. Son regard bleu profond exigeait. Un fantôme de sourire animait son visage! " Quel con "! pensais-je! " En plein canal "! Ses bras musclés me serraient fortement et je ne pouvais pas lutter. Il reçut un baiser intense où ma langue jouait avec la sienne : que pouvait-il vouloir d'autre ce cher démon que je savais marié et qui ne cessait de raconter que son mariage était nul pour non consommation? Des amis me rappelèrent plus tard qu'il avait l'air très séduit par la jeune femme de type oriental que j'étais lors de dîners où nous fûmes invités ensemble. Jeune brune mince à poitrine alléchante, je l'avais fait craquer dans mon maillot de bain rouge, mais peut-être bien avant dans ses songes alors qu'il était solitaire dans son grand lit, voire sous sa douche, voire en son peignoir blanc. L'homme était beau et il me restait comme une hésitation au sujet de la femme que j'ai rencontrée ultérieurement. Mon démon était comédien et s'effondra à mes pieds chez lui pour me certifier que son mariage était nul et qu'un procès de nullité était en cours. De procès, il n'y eut que la signature de l'enlacement de nos corps sur la moquette ou sur le lit, non sur le sable parce que ce pauvre cher homme avait la peau fragile et attrapait des coups de soleil.
Nous sommes restés amants durant des années. J'avais été précédée en Galilée par une femme belge qui avait cru que le démon divorcerait pour elle. Je le sus à Bruxelles. Cette femme était un peu candide et se fit ruiner par Soeur Emmanuelle à qui elle donnait sans compter. Il me fallut lui conseiller de demander à Soeur Emmanuelle de la marier en échange d'un troupeau de chameaux, et ladite bonne soeur pensa qu'elle n'avait aucune chance de réussir mais comprit qu'elle avait ruiné une brave femme candide. Ainsi ce cher démon me parlait de nullité parce que j'étais catholique et conta la fable du divorce à une femme moins tourmentée par sa conscience. Notre démon aux cheveux flamboyants dans un blond n'était allié qu'avec le soleil et les femmes. La légitime était nommée " Bobonne " et perçue comme essentiellement enquiquinante. Il est vrai qu'elle était timide, dotée d'un corps raide, et n'inspirant pas le péché comme le disait son mari qui devait avoir des intérêts financiers pour maintenir ce mariage fictif. Bobonne devina vite que je connaissais pas son époux uniquement dans les cocktails diplomatiques où j'ai néanmoins réussi à lui tenir compagnie tandis que notre démon jouait au coq avec d'autres belles.
Mais je l'ai gardé, moi, et ce fut bien ainsi. Je l'ai traité de lâche après une pièce de théâtre où il n'osa pas jeter une tomate en plein visage d'un ambassadeur allemand. Il y a toujours un traître caché sous le manteau du séducteur! Non, il n'était pas vêtu de peaux de bêtes au jardin d'Eden après avoir consommé la pomme. Dieu ne lui accorda pas ce privilège reçu par Adam. Il se pavanait nu et j'en faisais tout autant... Il ne me fait pas signe depuis l'autre monde : de quel droit est-il ainsi infidèle? L'âge venant, il n'osa plus me voir. Avait-il besoin d'un tuteur horticole?
Tant pis, j'ai collectionné d'autres amants sur ma route, et même de son temps, au nom de la polyandrie.
" Quand je suis seul ma natte " chantait un africain imbibé de bière de mil, en nous voyant passer Véronique et moi....
Quand je suis seule ma natte, je rêve, je désire, et mon corps enflammé lâche quelques gouttes...
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