" Vivre à fond quitte à en crever " disais-je en Afrique. J'avais une force surhumaine, pédalant durant des centaines de kilomètres sans manger à cause de l'amibiase. Le frein était coincé contre la roue : j'étais la seule à pouvoir utiliser cette bicyclette. J'ai envie de dégueuler. Je n'ai rien mangé, suis allée faire des courses, mais si je mange, je vomis. On doit finir par avoir faim, je suppose...
" Manifeste vagabond " est ouvert. Blanche de Richemont a traversé le désert en tous sens mais pas comme moi. Moi, c'était l'aventure, à pied, en stop, sans sécurité. Je suis partie du Nord Togo, remontant jusqu'à Agadès au Niger. Il n'y avait pas de djihadistes à cette époque. Il y avait des camions qui faisaient le trajet Agadès-Tamanrasset. Nous nous sommes regroupés pour prendre un camion. Les chauffeurs ne suivaient aucune piste. Nous n'avons croisé personne ; nous étions hors piste. Heureusement, les chauffeurs savaient où étaient les puits. Nous devions économiser l'eau. Nous ne mangions pas, buvions du thé à la menthe, le soir. A midi, nous étions sous le camion à l'ombre. Je voyageais sur le sommet de la cabine des conducteurs pour mieux contempler le sable infini. L'instant était comme l'éternité. J'ai retrouvé cette sensation en sculptant.
De Tamanrasset ( après dix jours de camion ), quatre d'entre nous sommes partis pour Le Hoggar jusqu'à L'Assekrem où j'ai séjourné quinze jours, me perdant dans mes randonnées et me repérant avec les sommets. Il restait de l'eau dans les flaques pour boire et se laver...
J'ai séjourné dans le désert souvent mais le plus beau fut la traversée du désert.