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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 14:22

Maurice Clavel avait une quarantaine d'années lorsqu'il sombra pendant plus de cinq ans. Il est né en 1920 et sa crise a débuté en 1960, l'issue commençant à s'entrevoir en 1965. J'ai conté comment il avait pour devise de rester debout comme le héros d'un ouvrage sur la campagne de Russie. Les traitements l'ont transformé en loques sans même lui apporter le sommeil espéré, et une partie des médicaments l'a fait grossir. Il est donc aisé de comprendre qu'il eut la rage d'anéantir toute dépendance chimique par le cross et le crawl, retrouvant ses forces d'antan et son pouvoir séducteur : il écrit avoir eu le plaisir féroce, décrivant quelques conquêtes féminines.

J'avais un peu plus trente ans quand mon corps me lâcha, du haut de mes trente trois kilos, de la non-réponse soudaine de mon énergie nerveuse qui m'avait fait tenir jusqu'ici. J'eus tout de suite des défis que je me suis imposée, dont mon entrée au club alpin de Paris en section sportive, c'est-à-dire avec marche rapide ( six kilomètres par heure, quatre vingt kilomètres par jour ). J'entraînais le groupe, ne voulant surtout pas me coucher comme le héros de la campagne de Russie. Mon grand-père paternel avait été ingénieur dans une entreprise de sidérurgie en Russie et souhaitait y retourner après la guerre de 14-18 pendant laquelle il perfectionnait son russe dans les tranchées, entre les missions qui lui valurent d'être bardé de décorations. J'ai dans ma bibliothèque des ouvrages pour étudier le russe : l'un de mes rêves toujours présent même à mon grand âge.

Je peux marcher encore assez vite mais je ne dois pas courir : en effet, j'ai une prothèse au genou droit. Je boitais tellement que j'ai consulté, la mort dans l'âme. Le chirurgien m'a demandé si j'avais eu des entorses à ce genou. Je lui ai répondu que je n'en savais rien mais que j'avais beaucoup forcé avec ce genou lors de mes randonnées au club alpin. Je confesse avoir forcé en bouffant des antalgiques m'offrant en spectacle involontaire un jour, où je vomis avant de m'effondrer dans la gare où nous avons repris le train pour Paris. Nous partions d'une gare pour un bled en rase campagne, suivions sur nos cartes notre parcours à travers champs et bois pour atteindre une autre petite gare nous ramenant à Paris. Je ne voulais surtout pas déranger mes amis du club alpin et je suppose que j'avais pris un peu trop d'antalgiques. Néanmoins, j'étais aimée par eux, et fis la conquête de mon " étouffe chrétien " ( sacré gabarit que je n'ai pas retrouvé chez les autres, épais et long ).

Bien entendu, j'ai chanté tous les airs de concours d'opéras, ce qui demande une grande force physique pour le labeur quotidien : plus d'une heure par jour d'exercices vocaliques avant le travail d'un morceau dont j'avais la partition. Je n'ai pas eu trop d'ennuis avec mes voisins...

La vie continuait avec diverses fonctions professionnelles, de nombreuses lectures, le tout avec mon tempérament d'exploratrice et de chercheur. Maurice Clavel évoque Höderlin dont j'ai un recueil de poèmes. Il semble dire qu'il frôlait la folie ce que j'ignore, dans sa période mystique. Il me semble qu'Isabelle Eberhardt parle aussi de ce poète. Aventurière et nomade dans le désert, d'origine russe, elle avait une pauvre masure à Aïn Sefra dans les environs d'El Oued. Déguisée en taleb ( étudiant mais avec une connotation religieuse ), elle était membre d'une confrérie soufie. L'ouvrage le plus intéressant à son sujet  est " Lettres et journaliers " édition poche Babel. Mes lecteurs devineront que c'est pour cette aventurière que j'avais décidé de me rendre à El Oued où Véronique voulut m'accompagner et bien que terrorisée par les mecs ( sic ), elle eut l'idée saugrenue de faire des siestes à poil sur un balcon d'hôtel où je fis de même en riant, avant de prendre un fou rire quand j'ai découvert la terrasse qui nous surplombait!!! Par la suite, nous avons logé chez l'habitant...

En écoutant les rescapés du génocide tutsi ( sur le site du Mémorial de La Shoah ), j'ai été frappée par le fait que plusieurs d'entre eux citaient Jorge Semprun comme un modèle qui les aida à se relever. J'ai trouvé dans ma bibliothèque un ouvrage de cet auteur : " L'écriture ou la vie " édition poche Folio. Bien entendu, je vais le lire avec attention.

Tout ce qui nous permet de nous relever d'épreuves lourdes nous est bon.

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25 août 2021 3 25 /08 /août /2021 16:19

Maurice Clavel était une force de la nature. Il a résisté malgré des signes cliniques invraisemblables qu'il décrit dans " Ce que je crois ". Il souffrait de nombreux maux, traités par des médicaments inefficaces, arrivait à peine à marcher, s'aperçut un jour qu'il n'y voyait plus ( tout était noir et les autres n'en étaient pas conscients. J'ai connu ce noir en cas d'hypoglycémie grave, également lorsque je me suis brûlée les yeux en Afrique où je dus passer trois semaines dans le noir puis porter des lunettes noires, et lors de divers malaises ), ne dormait plus. " Chaque jour, quand je vais au lycée à pied, je me répète à chaque pas, ce mot de la retraite de Russie cité par Audiberti dans " L'Ampélour " " Si tu te couches, tu es mort ". Je ne me coucherai pas. Pas encore. " ( p 248 ).

" Il faut, pourtant un immense repos. La mort, je n'en ai plus le courage. Et puis, sans doute, qu'au fond de moi, j'espère. Quoi? Revenir un jour, bien sûr, à la vie d'avant, au " méridional robuste " de Domarchi, dont rien ne pouvait troubler l'équilibre! Mais voici qu'en décembre... tout à coupe je décide une cure de sommeil. J'y crois, j'en sortirai à neuf, régénéré. Est-ce que je décide vraiment? Non, j'y tombe, j'y plonge, aspiré, fasciné. " Tu y cours comme un âne qui trotte " me dit ma mère. C'est un fait : en la cure de sommeil, j'ai la foi. Je n'imaginais pas autre chose à faire que ces choses si humiliantes à dire. Je les dédie au pauvre monde dont je fus, que je voudrais assister : ils sont des millions et des millions qui croient au salut par pilules; " ( 248,249 ).

Maurice Clavel doit attendre cinq jours pour accéder à l'étage de la cure de sommeil parce qu'il n'y a pas de place. Il est sous un traitement de choc, ne dort pas, lit Hegel pour préparer ses cours plus tard, écrit avec une calligraphie qui se désagrège, mais il comprend encore Hegel sans dormir. Un jour, il décide d'aller se jeter sous le train près de Chartres ( je suppose qu'il y voit un signe a posteriori puisqu'il a organisé le maquis autour de Chartres ). Une patiente veut l'accompagner : il ne sait toujours pas si elle avait deviné son projet ou si elle n'avait pas la force d'aller marcher seule. Maurice Clavel ne dort pas. Il devient impossible de le piquer pour une injection. Sa soeur vient le voir régulièrement et il n'est guère en état de répondre sauf le jour où elle éclate en sanglots et qu'il lui demande ce qui se passe. Elle a vu le chef de service qui a pris une fiche : " Monsieur Clavel, c'était une forte personnalité ". C'est alors que Maurice Clavel répond " Fais ma valise ". Il sort de la clinique avec vingt cinq comprimés à prendre par jour. Il refuse, et décide de n'en prendre que trois par jour, et de compenser par du cross et du crawl. Il s'aperçoit une nuit que sa tête fait un mouvement pendulaire et se cogne contre le mur si bien qu'il saigne ( sans doute est-ce un signe d'approche d'épilepsie secondaire provoquée par le manque ). Il refuse les comprimés et arrive à se guérir tout seul. Le sevrage est total. Il refuse l'opium du peuple à savoir Dieu, a vu des mediums dont un d'eux lui a fait des passes magnétiques sur une sorte de pansement à porter sous sa chemise au niveau du chakra du coeur ( il raconte cela avec humour ) : il portait ce gri gri en donnant ses cours de philosophie.

Me souvenant de ce que j'ai eu à traverser durant ma vie, non seulement à l'étranger où j'ai pris des risques, mais en soutenant mes parents totalement désemparés par deux de leurs fils malades, j'ai ri, en saluant en moi " la force de la nature ". Jacques et Marguerite, si vous me lisez, pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous m'avez imposé cette croix?

- " Pardon, j'étais terrorisée et je ne voyais pas comment agir, tout en voulant tout résoudre moi-même " ( Marguerite )

- " J'ai réalisé dans la stratosphère ce que nous t'avons infligé " ( Jacques ).

- " N'aviez-vous pas compris quand je pesais 33 kilos et que je ne tenais plus debout, refusant aussi de me coucher et allant dans un état second à mes entretiens d'embauche? "

- " Tu étais tellement solide et tellement énergique que je n'ai pas vu " ( Marguerite ).

- " Il se pourrait que ce soit ta force qui t'ait remise debout après tes dix jours de coma sans soin! " ( Jacques ).

" Ma force a dû jouer, peut-être aussi l'opium du peuple mais je ne le sais pas! L'avantage, c'est que j'ai gagné en envie de vivre ".

Merveilleux! Un de mes frères a stoppé son processus paralysant, l'autre a stabilisé son délire sans traitement. Mystères de la vie ou opium du peuple?

Vive la vie!

Je complète un peu cet article. J'ai émergé avec une force vitale qui m'a plu aujourd'hui. J'avais reçu un courriel d'une personne organisant l'atelier d'écriture auquel je participe en écho au mien jouant Sherlock Holmes et l'interrogeant " Qu'en pensez-vous, mon cher Watson? " après des appels téléphoniques incohérents d'une femme en détresse, sans doute mythomane, peut-être délirante ( mais en ce cas sans talent ) d'abord prise d'un fou rire nerveux, puis sollicitant un avis parce que l'amie qui organise l'atelier d'écriture connait celle qui déraille depuis plus longtemps que moi. Elle m'a répondu de me protéger de cette personnalité toxique... J'ai répondu en évoquant brièvement mon expérience des délirants avec mon frère qui affirma être appelé à régner ( j'en ai déjà parlé ), en évoquant l'évolution des choses du vivant de mes parents! Soudain, après avoir rédigé ce courriel, j'ai entendu en moi un rire vital, m'apercevant que je revenais d'assez loin. Je continue à analyser cet ouvrage de Maurice Clavel. Je viens de lire un passage relatif aux religions immanentes qu'il considère comme des remparts contre l'angoisse. Là, je le trouve un peu dur. Il me semble qu'Ophélie avait un océan divin dans lequel elle évoluait, ceci passant par l'amour, par le désir, par le corps avant tout. Sans doute l'équilibre qu'elle cherchait s'apparente-t-il à des spiritualités d'Extrême Orient. Ophélie passait par les mythes, les archétypes, mais j'ai abordé la mystique chez elle après avoir relu un de ses articles sur le blog de Marianne.

Pour ma part, j'ai été fascinée par Teilhard de Chardin qui perçoit Dieu dans les pierres, dans la nature, dans sa recherche de paléontologue. L'expérience d'Eric-Emmanuel Schmitt a un aspect immanent alors que perdu dans Le Hoggar, il sent la force du sable, des roches, du Feu, sans comprendre de quoi il s'agit mais ayant vécu une expérience mystique que j'ai aussi connu. Il a lu les évangiles beaucoup plus tard, ayant lu avec fascination tous les écrits de mystiques de quelque religion que je sois. Maurice Clavel a-t-il connu les forces de l'immanence? Je ne sais pas mais suis étonnée de le voir traiter les religions immanentes d'opium du peuple. Elles sont beaucoup plus que cela : elles sont Feu, parce que la mystique est Feu ( un rire à la pensée de Rose peut-être mystique à son insu qui rencontra une hygoumène peule!!! ).

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23 août 2021 1 23 /08 /août /2021 18:33

Poursuivons sur la soif d'absolu, la quête de sens, la mystique extatique ou douloureuse, en écho à ce que j'ai perçu chez Ophélie et dont j'ai parlé dans l'article précédent. Ophélie était mystique sans dogmes. Pour illustrer cette attitude, je vais citer Maurice Clavel dans son étrange relecture de sa vie tourbillonnante, douloureuse, folle comme les cures de sommeil, paralysée comme sa paralysie sensitive le maintenant à terre alors que les examens cliniques étaient normaux. Son livre aurait pu avoir pour titre " Les soubresauts de la quête d'absolu ". Il est possible que le titre ait été imposé par l'éditeur, un titre maladroit qui ne donne nulle idée de ce combat permanent " Ce que je crois " édition Grasset.

p 266 : " Oui, ce qui m'échappait, c'est cela : Dieu nous aime. Il n'a rien à nous dire que ce message-là. C'est le temps et notre résistance qui le réfractent ou le diffractent en Vérités Révélées ou Dogmes. C'est notre condition qui divise l'unique Vérité en toutes ces Vérités, et le lieu et le lien de ces divisions, c'est notre Histoire. Ce qui m'échappait, c'est que La Grâce n'est pas un don. Personne ne la reçoit ni plus ni moins que tout autre, puisque nul ne la reçoit. Comme nous sommes libres, elle nous " sollicite ". Et c'est cela, le don. Et que nous  donne, ou plutôt nous " offre " Dieu? Soi-même... " ( les mots entre guillemets sont en italiques dans ce texte ). Ainsi donc, pour Maurice Clavel, Dieu aime et Il n'est qu'acte d'aimer. Tout le reste qui se trouve dans des traités de théologie n'a guère de sens. Plus loin, Maurice Clavel nous rappelle qu'au ciel, il n'y a pas de dogmes. J'indique que pour les catholiques ( sans doute aussi pour les orthodoxes ), les dogmes répondent à des questions d'une époque donnée en un lieu donné.

Quel rapport avec Ophélie? L'Amour était le fondement de sa vie, et elle est passée par un autre chemin pour vivre mystiquement et entendre les expériences mystiques qu'elle a pu lire ( je pense à sa vision de Thérèse d'Avila ivre de désir ). Si l'Amour ( quelles qu'en soient les formes ) est le sens de la vie, tout est dit. Et qu'importe l'hypothèse ou non d'un être surnaturel, non que ce soit anecdotique, mais qu'Il n'est qu'Amour, tout le reste étant imposture maladroite. La lecture du texte de Pascal que j'ai partagé hier est éclairante. Son Mémorial ( accessible sur internet ) est splendide, et en clin d'oeil à Ophélie, le duo des chats ( duo des chattes ) de Rossini est sur internet. Ophélie vivait une mystique d'amour.

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23 août 2021 1 23 /08 /août /2021 01:37

Sur le blog de Marianne www.liligroslolos.blogspot.com

se trouve un article d'Ophélie dont le titre est Pascaliennes Pensées. Blaise Pascal oppose l'esprit de finesse et l'esprit de géométrie, considérant le premier comme supérieur à l'autre.

L'esprit de finesse est avant tout l'intuition intellectuelle pour Pascal qui fut mathématicien et aussi philosophe. Pascal se livrait à des expériences, en utilisant son intuition : en un mot, il créait. L'acte de créer relève d'une intuition étincelante comme celle qui fut en amont du mur de Planck. Je ne crois pas, mais ceci devrait se vérifier dans ses écrits, qu'il ait songé à l'intuition par les sens. L'un de ses ouvrages se nomme " Du bon usage des maladies " ( je crois ). Il souffrait de migraines très fortes. Pascal a évolué au fil de sa vie.  " Pensées " interrogent le monde tel qu'il est durant cette époque janséniste. Blaise Pascal fut près de cette mouvance en raison d'une soeur ou d'une cousine présente dans un monastère janséniste.

" Le Mémorial " est d'une force sublime, écrit rédigé durant une extase mystique de plusieurs heures. Le mathématicien et philosophe le porta sur son pourpoint jusqu'à sa mort ( le texte est peut-être sur internet. Je l'ai dans une de mes bibliothèques ). Pascal évoquera " La Nuit de Feu " pour définir  cette extase nocturne. Eric-Emmanuel Schmitt a repris ce titre pour rédiger la sérénité, la joie, la totale sécurité découvertes lorsqu'il se perdit dans Le Hoggar. Par certains côtés, les repères sont plus aisés à retrouver que lors de la traversée d'immensité ensablée. Pour ma part, j'ai connu la perte de mon trajet dans Le Hoggar et ai retrouvé la direction grâce aux sommets. En terrain plat, ce me fut un peu plus compliqué. Je me sentais totalement en sécurité, comme si je me dissolvais dans le sable. Lors d'incidents de ce style, je n'avais plus d'eau.

Ophélie évoque l'élan vital, force décuplée dans la vie mais souvent présente lors d'un risque de mort imminente. Elle parle de la sensualité, des émotions, du contact avec le vivant. Je songe, au moins pour le titre à " L'Extase matérielle " de Le Clezio .Ophélie évoque aussi l'intuition intellectuelle.  En PNL ( programmation neuro linguistique ), notre amie serait dite kinesthésiste, les autres profils étant le " visuel " et " L'auditif ".

Reprenons Pascal : l'esprit de géométrie est l'art des déductions logiques à partir d'un bon point de départ. Si l'esprit de finesse a l'intuition de suivre une piste par une certitude intérieure, l'esprit de géométrie peut éventuellement permettre de démontrer l'intuition première. J'entends la pensée sous le registre de l'esprit de finesse que je place en premier : d'où vient-il? Saint Pifomètre? Une tournure d'esprit?

L'intuition est la clef de l'intelligence, elle est la fée des arts, l'espionne par télépathie des pensées d'autrui ( Chut! J'ai un côté medium ). Ophélie, si tu me lis, je suis auditive en PNL ( chant lyrique... ), visuelle de défense ( l'art de contrôler tout ). Chut, Ophélie, tes amies déménagent dans deux jours : ce serait drôle de savoir leurs polarités en PNL.

Chut, Ophélie, cela fait quoi avec un godemiché dans la bouche. Bien sûr, il chante le duo des chattes de Rossini ( pour le lecteur, il s'agit d'un air d'opéra chanté par deux femmes " Miaou... "Il est possible qu'il soit sur internet. Je ne sais si j'ai bien vu, mais une femme semble recevoir un liquide non identifié par un godemiché qui a des allures de seringue de grosse taille. La femme qui porte le godemiché doit parfois éprouver une sensation de grande puissance! Mais trêve d'hypothèses farfelues. Les accessoires partent en véhicule privé, si bien que privé d'équipements, tes et mes amies ne pourront utiliser que les légumes du jardin ou la main de la première mère Eve ( La Vivante en Hébreu )...

 

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22 août 2021 7 22 /08 /août /2021 17:10

Me voici, à nouveau, plongée dans les écrits de Maurice Clavel comme si je lui demandais quel est le secret de la vie. Il cite Blaise Pascal écrivant à sa soeur : " Pourquoi l'homme, être fini s'il se réduit à la nature, a-t-il un amour-propre naturel infini?... Avant la chute, l'homme avait deux amours : l'un infini et se rapportant à Dieu Infini. L'autre fini se rapportant à soi-même. Il pouvait alors s'aimer sans mal. Tout était dans l'ordre. Mais l'homme n'a pas pu supporter tant de gloire sans tomber dans la présomption. Il a voulu se faire le centre de lui-même. Et dans sa chute, il a évidemment perdu Dieu et son amour de Dieu, mais non son infinie capacité d'amour de Dieu qui, se trouvant sans objet et n'ayant plus que faire en cette grande âme, a pénétré alors, a reflué plutôt dans l'amour de soi-même, brisant d'un coup ses limites légitimes, le portant comme naturellement à l'infini... Telle est ma soeur l'origine de l'amour propre "( p 222, 223 " Ce que je crois de Maurice Clavel édition grasset ".

Je sais bien que je cherche cet élan vital, cette force d'absolu qui peut s'exprimer dans l'art, dans la littérature, dans les voyages d'aventuriers, dans l'amour, parfois dans la drogue ( là, c'est dangereux. Je songe aux substances dopantes qu'aiment bien les passionnés ) dans la prière pour les croyants.

J'indique ici que j'ai écouté de nombreux témoignages de rescapés du génocide des tutsi s'exprimant au Mémorial de La Shoah. Ils ont fait preuve d'une force de vie inimaginable. Plusieurs d'entre eux ne veulent pas entendre parler de Dieu, des massacres ayant eu lieu dans des églises, certains prêtres ayant tué tandis que d'autres ont sauvé un maximum de gens.

Soudain, je revois une jeune métisse qui avait quinze ans et qui a survécu en affirmant que son père était français ( elle ne nous a pas dit d'où il était ). Elle a été sauvée avec sa mère ( cachées dans un camion ) dans un convoi d'enfants organisé par Terre des Hommes. Les années ont passé et il faut du temps pour se reconstruire. Elle avait un vague souvenir de caméras... Son mari l'a aidée à retrouver l'émission puis elle eut l'adresse d'un couple qui organisait ce convoi. L'homme devait avoir des soins et le lui a dit. Par son épouse, elle en a su davantage. Il était en phase terminale de cancer. Cette jeune femme a tout fait pour retrouver les enfants du convoi afin qu'ils puissent remercier ce monsieur avant sa mort. Splendide.

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18 août 2021 3 18 /08 /août /2021 22:45

Quelques mots rapides sur une histoire profondément triste qui se trouve relayée par divers media. Le Professeur Fourtillan était à la prison de la santé. L'entretien le plus long est donné sur Agora TV accessible sur les vidéos de la plateforme Rumble! J'ai été sous le choc de ce délire en ligne beaucoup trop partagé. Il est aussi sur " la minute de Ricardo " ( Richard Boutry ). Que dit Fourtillan? Qu'il a été libéré par L'Armée! Nous connaissions déjà ses propos autour du virus dont le séquençage serait inconnu ( point sur lequel je ne peux rien affirmer ). Il est néanmoins certain que des segments précis ont été repérés, notamment ceux du VIH et de la malaria placés si bien que Le Professeur Montagnier émet l'hypothèse d'une erreur lors d'essais dans des laboratoires. Les médecins évoquent souvent l'hypothèse d'une erreur dans la fabrication soit d'un vaccin soit de... D'autres parlent d'armes biologiques... Que dit Fourtillan? Que tout a été fabriqué par L'Institut Pasteur et ceci, toujours avec les mêmes preuves. Les patchs qu'il aurait inventés ( cela fait songer à de l'homéopathie ) pourraient protéger du VIH ce qu'il avait déjà dit, et comme ils renforceraient le système immunitaire par l'opération du saint esprit du virus fabriqué et peut-être des vaccins qui ne seraient que du sérum physiologique avec des adjuvants dangereux... Il aurait vu des agents secrets dans la prison et des micros. C'est d'une telle tristesse que je fus  en choc!

Plus troublant, j'ai trouvé un article où il aurait dit faire des placements en or, y compris avec les fonds de la fondation Josepha qui finance ses essais de patchs, en prévoyant un effondrement monétaire. En parallèle, sa femme continuait à demander des fonds aux patients avec une nouvelle adresse... Si c'est exact, ce point n'est pas clair et il y a peut-être escroquerie même si Fourtillan a dit qu'il réinjecterait l'or dans la fondation Josepha. 

L'ensemble est très triste. Fourtillan délire. Ses fils avaient demandé son internement pour le protéger de ses propos et actions délirants.

Je n'ai trouvé qu'un article sur cette histoire d'or...

Délivré par L'Armée qui aurait pris en cachette le pouvoir? Comment peut-il être encouragé dans son délire par des journalistes? C'est atrocement triste.

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15 août 2021 7 15 /08 /août /2021 22:35

Quelques mots rapides. Ma mère a cru bien faire en nous apprenant comment vivre en camps de concentration. Les rares lecteurs pourront sourire : elle nous disait d'apprendre nos prière en latin, de range nos chambres, de nous préparer à mourir. Pour elle, seule la foi pouvait nous aider. Elle était adolescente pendant la guerre... Je n'ai pas connu mon grand-père maternel décédé avant le mariage de mes parents. Ma grand-mère maternelle ne nous a rien dit. Elle nous aimait beaucoup. Le frère aîné de ma mère s'évada d'un camp de prisonniers ( ils furent deux à réussir. Les autres ont été repris. Il est idiot que leur histoire ait fait l'objet d'un film que je n'ai pas vu : " la grande évasion ". D'après ce que j'ai compris, rien n'a été demandé à mon oncle. Lui et son camarade sont partis par La Suisse : ils parlaient allemand. Ils avaient en effet construit un tunnel sous un jardin. Ceux qui sont partis en direction de Bruxelles ont été repris ). Mon oncle a rejoint la résistance et n'a pas parlé mais il avait raconté son évasion et n'en a plus jamais reparlé. Une soeur de ma mère était infirmière de La Croix Rouge dans un hôpital en France, une autre au Carmel, l'autre est morte pendant la guerre de maladie. Un frère de ma mère a été sauvé in extremis par les premiers antibiotiques grâce à sa soeur infirmière. Le plus jeune s'est tapé la guerre d'Algérie dont il est revenu traumatisé. Il ne parlait pas non plus.

Mon grand-père paternel nous racontait ses souvenirs de la guerre de 14-18 avec humour, ne parlait pas de la suivante où il fabriqua des faux papiers...

Ma grand-mère paternelle n'a rien dit. Mon père a rejoint la résistance mais ne pouvait pas en parler. Tous sont morts avec ce secret.

J'avais quand même une haine contre les nazis. Je me souviens n'avoir pas pu lire l'article du Monde sur le procès d'Eichman. Mon amie Alice juive originaire du Maroc me disait de lire : je ne pouvais pas. Je ne sais pas quelle transmission elle avait eue. ( Une peur de conversion forcée : je peux l'entendre. Sur le reste, une ignorance totale ). Elle m'a traitée de nazie le jour où je ne pouvais pas lire l'article. Plus tard, elle m'a écrit en me demandant pardon d'avoir réveillé des horreurs en moi : une lettre adorable.  Nous ne nous sommes pas revues mais je garde un très bon souvenir de cette amie, Alice. J'ai appris l'hébreu, serais capable aujourd'hui de lire un article d'un type qui, selon moi, méritait d'être zigouillé sans procès!

Alice ne me lira pas mais ce que je découvre sur Le Rwanda, je l'apprends par des témoignages enregistrés au Mémorial de la Shoah.

De quoi sommes-nous capables, nous pauvres humains : du meilleur et du pire sans doute! Paradoxalement, je comprends ma mère qui ne voyait que la prière pour nous aider à tenir. D'autres auraient dit méditation peut-être. Je n'ai interrogé qu'une fois mon père : il nous a enseigné le respect des autres. Qu'il en soit remercié.

Je voudrais juste rajouter que je ne peux entendre des choses sur les camps de concentration qu'en me clivant. J'ai découvert le même processus en écoutant les témoignages rwandais. Le seul progrès que j'ai fait, c'est d'essayer d'entendre. De nombreuses générations sont touchées par ce clivage d'après ce que disent les rescapés des camps de concentration et les rescapés du génocide rwandais. Le processus de clivage est très connu : c'est l'unique système de défense. Une partie de nous-mêmes ne peut pas entendre. Je suis hypersensible, trop sensible. J'apprends à écouter avec recul. Pardonner? Quoi et à qui? Je n'ai pas vécu ces guerres. Une question que se pose les rescapés du Rwanda est " comment répondre à nos enfants au sujet de leur famille? ". Il faut avancer par étapes, en fonction des âges sans doute, le plus dur étant de ne transmettre aucune haine ce qui est surhumain. Il existe aussi un négationnisme du génocide rwandais : je l'ignorais. J'ai évoqué des émissions de radio entendues à cette époque et l'histoire de Valentine seule survivante aux alentours d'une église. Elle vit aux Etats-Unis, est mariée, a des enfants. La radio m'avait permis d'entrevoir l'horreur. J'ai réécouté les émissions " Là-bas si j'y suis " : elles sont sur internet. J'ai écouté plusieurs émissions du Mémorial de la Shoah sur le Rwanda. Quand finit la reconstruction pour un rescapé qui était enfant durant le génocide? Jamais a répondu une psychanalyste fille ou petite-fille de déporté mais elle évoque un chemin perpétuel toute la vie. Je m'arrête là. Mon allergie aux antibiotiques est encore très forte. Je vais me rallonger.

Un tout dernier point à préciser : nos enseignants en histoire avaient déjà de la peine avec la guerre de 14-18 en raison de la transmission orale que nous avions reçue. Rien n'était possible sur la suite. Je suppose que Nadianne a eu des cours mais n'en suis pas sûre. Elle avait surtout une transmission par sa famille au sujet d'un grand-père que je ne sais pas si elle a connu. Il était membre d'un réseau connu. Elle a aussi beaucoup parlé de sa grand-mère avec qui elle eut une très bonne relation. Nadianne cherchait à apprendre. Je pense qu'elle n'avait pas mon clivage. A quatre ans, je savais que j'allais mourir en camp de concentration et que je devais prier en latin. Là, j'ai un sourire. Evidemment, j'ignore comment se passera ma mort. J'ai un peu oublié le latin mais il m'en reste un peu. J'ai plus travaillé l'hébreu et le grec ( langues des écrits bibliques ). J'ai vécu au Togo où je parlais moba, au Caire où je parlais arabe égyptien...

Plusieurs rescapés  du Rwanda qui étaient des enfants et qui ont survécu ont rédigé un ou plusieurs ouvrages. Ils y ont été aidés par la lecture de témoignages de déportés. J'en cite un : " Au nom de tous les miens " de Martin Gray. J'ai lu tous les récits que j'ai trouvés d'anciens déportés, de nombreux ouvrages sur la résistance y compris allemande ( j'en avais entendu parler par mes parents ). Il y eut plus de quarante attentats contre Hitler. Il a échappé... Les représailles furent épouvantables. Un de mes amis était juif d'Allemagne de L'Est par son père mort en 1938 d'une infection. Toute la famille paternelle a été décimée. Sa mère et sa grand-mère maternelle étaient dans un réseau de résistance, celui de l'attentat par le Colonel von Stauffenberg. Mon ami est mort de la SLA. Je l'ai accompagné comme je l'ai pu...

Je suppose mais ne puis savoir que Cyprien Rugamba savait ou avait l'intuition des risques au Rwanda. Il y eut des massacres en 1959, 1963, 1973, avant le génocide des tutsi. Cyprien et sa femme Daphrose tentaient d'appeler tous les rwandais à rester unis. Ils ont été exécutés le lendemain du crash de l'avion du président avec six de leurs enfants dont un a survécu, une de leurs nièces. ( cf " J'entrerai au ciel en dansant " : attention au côté charismatique, mais en écoutant leurs deux fils, on entend la dignité de l'aîné - une valeur rwandaise - et sa pudeur. L'autre plus jeune a ses deux qualités, a sans doute fait une indigestion de bondieuseries mais il arrive à parler en souriant! Ce témoignage m'avait bouleversée quand je l'ai découvert ). Après avoir écouté les témoins tutsi rescapés au Mémorial de La Shoah, j'ai entendu d'autres choses en me clivant.

Le mal ne s'explique pas et ne rien comprendre est normal. 

Je me souviens des tirs de l'OAS en France, et ma mère douée pour le théâtre nous avait dit : " si vous entendez des tirs, couchez-vous sur le sol ". Ce n'est pas idiot.

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14 août 2021 6 14 /08 /août /2021 21:20

Nadianne m'a fait entrer sur cet hébergeur de blogs. Si le sien est encore là, c'est " la vie rêvée de Nadianne ". Petite-fille de résistants, elle se sentait un devoir de mémoire!

Fille et petite-fille de résistants, je reste sur un blocage total : je ne peux pas aborder ce sujet.

J'ai écouté des témoignages de rescapés du génocide des tutsi au Rwanda et plusieurs d'entre eux ont rédigé des ouvrages : je les ai entendus sur le site du Mémorial de La Shoah. Je me contente d'indiquer l'existence de ces témoignages. Atroce, impossible à écouter, et pourtant, je les ai écoutés. Parler à leur place serait indécent.

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13 août 2021 5 13 /08 /août /2021 14:29

Il semblerait que j'aie pris un abonnement d'été pour les pépins de santé! Me voici maintenant avec un abcès dentaire et de très fortes douleurs. L'hypothèse était prévue par ma dentiste qui m'avait prescrit des antibiotiques. Je me souviens de ma mère qui avait eu un oedème de Quincke après une piqûre de frelon et dont le visage était tout enflé : quand nous sommes arrivés aux urgences pour la voir, elle a commenté en riant : " j'ai une gueule de lion ". Je ne sais si j'ai une gueule de lionne mais la pharmacienne m'a dit que j'avais eu raison de démarrer mes antibiotiques!

J'ai retrouvé des émissions tournées pendant le génocide au Rwanda, émissions radiophoniques " Là-bas si j'y suis ". Je me souviens d'une adolescente retrouvée par les journalistes, rescapée d'un massacre dans une église. Elle survivait plutôt qu'elle ne vivait, mais ce qui est beau, c'est que maintenant, elle habite aux Etats-Unis et a deux enfants. L'adolescente était tutsi. L'homme qui a eu une bouffée délirante était enfant durant le génocide, de famille hutu. Son père a été assassiné lors d'un retour au Rwanda, et lui-même a vécu un simulacre d'exécution. J'ai écouté plusieurs témoignages de rescapés : ils ont tous été obligés de se cliver intérieurement pour ne plus ressentir la douleur et survivre.

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12 août 2021 4 12 /08 /août /2021 21:55

Sous le choc, anéantie, j'ai écouté une journée de témoignages de rescapés tutsi, témoignages donnés au Mémorial de La Shoah, accessibles sur you tube. La survie peut conduire à se cliver intérieurement : je l'ai vécu lors d'agressions avec tentatives de meurtres, mais je ne veux pas parler de moi.

La folie : je connais d'un peu trop près! ( un proche ). Un rwandais malade psychiatrique a assassiné un prêtre. Cet homme qui s'est rendu de lui-même à la police a sans doute agi dans une bouffée délirante. Je n'en sais pas assez pour évoquer ce qu'il a vécu durant le génocide. J'ai compris qu'il avait été traumatisé. Il fut libéré de prison où il était en détention provisoire pour un incendie (  non ce n'est pas l'histoire de Rose; c'est la cathédrale de Nantes ), et il devait avoir un suivi psychiatrique. Il semblerait qu'il n'ait pas respecté l'obligation de soins, c'est-à-dire reçu régulièrement une injection qui pouvait le stabiliser. Cet homme est catholique pratiquant. Il était hébergé par la communauté des montfortains ( Saint Grignon de Montfort ). La communauté considère qu'elle devait l'héberger. Néanmoins, le supérieur qui fut assassiné avait averti la police au sujet de l'état de cet homme. Tout me porte à penser qu'il connaissait le traumatisme vécu par ce Rwanda. Je ne crois pas offenser ce prêtre mais le respecter en rappelant qu'un génocide peut traumatiser à vie des enfants, y compris s'ils étaient de l'ethnie qui tuait ( les hutus dans ce génocide ). J'ai lu des commentaires indignes et stupides sur les réseaux sociaux, reprochant à la communauté religieuse son laxisme : ce sont des condoléances d'une extrême délicatesse!!!

Je précise qu'il n'y a pas de convention avec Le Rwanda qui refuse de reprendre ses ressortissants! Bref, le sujet est complexe et la pudeur s'impose dans le respect du deuil.

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