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3 septembre 2021 5 03 /09 /septembre /2021 13:53

- Maman, j'ai envie de rigoler avec vous!!! Avez-vous reçu une information claire en termes de contraception? Six gamins en cinq ans : il faut le faire!!! Quelle dysenterie!

- ( Fou rire maternel ) : j'étais désorientée mais riais quand tu me parlais de mes gosses en dysenterie! Ton père et moi, nous adorions, et étions de chauds lapins! Nous n'avions aucune information valable en termes de contraception et pensions utiliser correctement la méthode Ogino!

- Vous auriez dû avoir quinze enfants avec cette méthode mal comprise!

- Imbécile! Nous nous sommes abstenus trois ans après les deux derniers, et je suis devenue la mère qui ne contrôlait pas ses colères!

- Ni ses fous rires, ni ses fantasmes!

- Tu comprenais mes fantasmes avant que j'aie fini de parler : je le voyais dans ton regard!

- Racontons votre histoire bucolique car vous aimiez jardiner. Vous posâtes une question avec innocence à l'un de vos beaux frères viticulteur et je lisais dans votre regard votre fantasme : " Comment fécondez-vous les bergerons? "( Les bergerons sont une variété d'abricotiers ). Nous prîmes un fou rire, vous, mon oncle et moi-même. Vous vouliez connaitre la réponse agricole et la question fut posée à un autre beau frère qui avait un jardin. Cet homme austère eut une réponse qui lui fit prendre un fou rire : " Ce n'est pas moi qui m'en occupe "! Tous les convives pleuraient de rire, et la question resta sans réponse! La méthode Ogino n'est pas géniale mais vous faisiez des calculs qui n'étaient pas ceux du Docteur Ogino!

- La libération de la femme : ne rigole pas! Que crois-tu? J'ai tout cherché dans les magazines pour en savoir davantage! J'étais en manque et ton père aussi!

- Vous aviez des principes cathos qui m'échappent : le retrait, le préservatif masculin, le préservatif féminin  ( l'éponge avec spermicide ) étaient dans le commerce!

- L'éponge avec spermicide déjà? Je n'avais entendu parler que des préservatifs masculins mais plutôt dans les maisons closes!

- Voulez-vous des informations supplémentaires sur les maisons closes? L'utilisation de toutes petites éponges lors des règles pour continuer le boulot. Elles se posent sur le col, le temps d'une passe. Il y a aussi le préservatif féminin en plastique mais je n'en ai jamais vu! La pilule supprime le pic du désir ( pic hormonal ) : c'est un plan pourri qui empêche de jouir!

- Tu aurais dû me donner ton plan d'éponges avec spermicides!!! Comment veux-tu que je connaisse toutes ces choses?

- Vous étiez assez grande pour les trouver dans les magazines, dans les revues pornos, en demandant à votre gynécologue ou à votre frère qui avait bazardé les interdits cathos!

- J'ai parlé quand même avec mon frère mais la contraception des femmes n'était pas sa préoccupation principale : il laissait ses maîtresses se démerder!

- C'est bien une histoire de mecs! Je suis sûre qu'il connaissait le retrait et le préservatif masculin!

- J'ai appris beaucoup de choses dans les magazines : méthode Ogino correcte, méthode Billings ( nous la pratiquions sans le savoir ), la jouissance du petit lapin selon Ophélie ( pas besoin d'être informée pour la connaître : toute femme normale le sent! ), le nom des positions que nous pratiquions, ce qui m'a fait bien rire!

- Quand je pense que vous n'avez pas su répondre à votre soeur qui avait été carmélite sur la position que prenait l'homme puisque telle était sa question et que vous lui avez répondu : " toutes les positions possibles "! Pourquoi n'avez-vous pas ajouté : " la même chose pour les femmes "?

- Je n'y ai pas pensé tant c'était évident! J'ai commencé la pratique avant de connaitre la théorie!

- ( En fou rire ) : je vous comprends, mais votre pauvre soeur croyait que la femme n'avait que la position qu'elle prend chez le gynécologue!

- ( En fou rire ) : je n'avais pas imaginé une idée aussi saugrenue de sa part!

- Merci pour les fous rires : à bientôt pour la suite! ( Chut, c'est secret mais votre tendre époux prenait encore des fous rires à plus de quatre vingt ans en songeant aux questions que devait se poser votre soeur )!

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3 septembre 2021 5 03 /09 /septembre /2021 11:42

- Maman, en écoutant les rescapés tutsi du génocide rwandais, je songe aussi à ce qui nous fut jamais transmis. Vous nous avez peu parlé de votre père et vous vous doutez bien que nous avons émis des hypothèses dont certaines étaient fausses quand un de vos fils s'est mis à dérailler. Comment était Grand-Père?

- Un homme très droit, polytechnicien comme tu le sais, capable de beaucoup d'humour, m'aimant bien, déjà malade pendant la deuxième guerre mondiale, tentant de travailler en banlieue parisienne, venant nous rejoindre là où nous avons fui en 39. Tu sais bien qu'il m'a dit de me cacher quand j'ai voulu regarder la première invasion par les boches. J'avais onze ans. Je n'ai pas eu d'adolescence.

- Etait-il snob? Il est anormal que nous ayons eu des notions de différences de milieux sociaux dès notre enfance, si bien que vos trois aînés dont moi vous avons dit à la mort de votre mère que votre famille était indigne et que nous options pour celle de notre père. Je fus très frappée par votre silence douloureux! Pardon Maman, vous aviez quarante deux ans : nous étions adolescents et inconscients!

- Que veux-tu que je réponde à des adolescents sur un procès dont ils ne devaient pas avoir tous les éléments puisqu'ils étaient mineurs? Je venais de perdre ma mère, et j'avais honte de ce procès dont tu connais aujourd'hui l'origine. J'aurais peut-être réagi comme toi au même âge! Mon père n'était pas snob mais il est vrai que nous en savions trop sur des différences absurdes au sein de la noblesse dont noblesse d'extraction et noblesse de robe : je n'aurais jamais dû vous en parler, et mes frères et soeurs auraient dû se taire sur ce point! Ma mère n'en parlait pas. ( Noblesse d'extraction : aristocrates depuis les premières traces trouvées dans la généalogie de la famille donc sans doute acquise sur le champ de bataille. Noblesse d'épée : acquise sur le champ de bataille. Noblesse de robe : acquise par une charge ( une fonction professionnelle procurant la noblesse ) ). Mon Dieu, que nous avons été cons! J'ai tué mon fils!

- Non, Maman, n'en faites pas trop! Il est en vie, stabilisé, et sans traitement : c'est un résultat qui me plait, mais je sais qu'il faut lui éviter des chocs traumatiques.

- Tu es la seule à avoir compris!

- Je crois que Papa a entrevu où se situait le chaos ontologique! Pour des catholiques, nous n'avons pas été doués en psychanalyse!!! Je vous avais donné la réponse à cinq ans et j'ai reçu une paire de claques si violente que je compris que j'avais raison. C'était à côté de la haie à S : " ou tous les gens sont différents ou tous les gens sont pareils "!

- Tu parle si je m'en souviens! Petite brune bouclée, très vive, tu m'as envoyée bouler, et pardon, mais j'étais sans réponse devant ton bon sens! J'étais violente mais tu n'en avais rien à foutre!

- C'est vrai, Maman, mais je tentais de limiter les dégâts! Vous souvenez-vous de votre crise autour des pompiers parce que Benoit était bloqué en haut de grand sapin?

- Tu te fous de moi sur internet mais j'en ai été malade par la suite! Je confesse ma très grande faute. Tu devais avoir six ans : " va chercher ton frère sinon j'appelle les pompiers avec la grande échelle " ( et la paire de claques était sous-entendue )! C'est peut-être pour cela que tu as eu droit à la grande échelle des pompiers en août dernier!

- Merci Maman de prendre tout cela à la rigolade : notre histoire est désopilante! Je savais très bien que vous déconniez mais je louvoyais pour échapper à votre violence!

- Tu étais très douée sur ce point, la plus douée de me enfants avec cet art de quitter la pièce où je déconnais sans un reproche en silence, et c'est alors que je comprenais, regrettant ton départ!

- Pardon, Maman, je ne pensais pas vous blesser, en refusant tout contact devant une colère non maîtrisée! Ce me semblait être la meilleure solution.

- Tu avais parfaitement raison d'autant plus que tu ne me reprochais rien, mais revenons au chaos ontologique : je vous ai transmis " la faute d'exister " avec une forme de racisme social qui n'a aucun sens! Tu l'avais compris à cinq ans, puis en voyageant sans arrêt, puis grâce à l'exégèse ( étude des textes bibliques dans leurs langues d'origine ). J'aime bien la réponse de Maurice Clavel sur le sens de son existence. Philosophiquement, il n'a pas de réponse et rejoint sur ce point Eric-Emmanuel Schmitt. " J'ai été créé par amour et pour aimer ". Il y a le saut de la foi mais tous peuvent se dire " J'ai été créé pour aimer ". C'est l'unique sens de notre vie!

- En somme, vous lisez pas dessus mon épaule! Que pensez-vous de l'énigme du portail du presbytère?

- Tu as eu raison avec l'idée d'une haie et tu as pensé aussi aux plantes qui peuvent rester accrochées à une grille et s'ouvrir avec elle comme les rosiers, mais ce ne sera que du caché/dévoilé! En somme, tout dépend du goût du risque de tes amies!

PS : mon grand-père maternel avait une leucémie pendant la guerre dont il est mort. Mon père ne l'a pas connu et s'interrogeait aussi sur son tempérament. Il savait que ma mère l'aimait beaucoup. J'ai connu mon grand-père paternel également polytechnicien, ayant fait la guerre de 14-18 au sujet de laquelle il nous racontait plein d'histoires drôles mais il était bardé de décorations. Il devait aller travailler en Russie dans une entreprise de sidérurgie où il avait été ingénieur avant la guerre de 14-18. Il étudiait le russe dans les tranchées. Mon grand-père paternel ne parlait pas de sa résistance pendant la guerre de 39-45 mais j'ai su qu'il fabriquait des papiers d'identité. Mon père fut résistant mais n'en parlait pas. J'ai su par ma mère qu'il ne voulait pas porter ses décorations, estimant avoir fait son devoir. Je n'ai tenté qu'une fois d'interroger avec délicatesse mon père sur ce qu'il avait fait dans la résistance : " Avez-vous dû agir contre votre conscience? " " Non, jamais, Dieu merci "! Mes parents se sont connus assez jeunes et se sont beaucoup aimés ( suite plus tard ).

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2 septembre 2021 4 02 /09 /septembre /2021 01:56

Il me semble que Marianne a totalement répondu à Gil allias Gem dans son commentaire sur l'article rédigé hier où j'ai évoqué L'Egypte, ma vie là-bas, mes amours durant cette période. J'y ai connu un diplomate avec qui j'ai gardé une relation de longue durée. L'histoire débuta par une étrange baignade dans le canal de Suez. Nous aurions dû être deux volontaires à l'accompagner chez son curé préposé aux bonnes oeuvres, en sus de la célébration du culte. Je savais que le mariage de cet homme ne fonctionnait pas et que sa femme qui ne vivait pas dans le même pays se refusait à lui, sans doute par frigidité. Il avait raconté son histoire devant Soeur Emmanuelle et d'autres bonnes soeurs, devant tous les curés du coin. Je ne l'avais jamais vu en tête à tête, pour le meilleur et pour le pire ( car je le crus sincère au sujet de sa demande de nullité de mariage ). Je n'étais pas spécialiste des juridictions canoniques, et comme ce couple vivait séparé, je supposais qu'ils n'avaient plus de relations. L'épouse avait néanmoins accepté le minimum pour mettre au monde deux enfants, mais se refusait depuis. Il se trouve que je l'ai vue... En sortant de chez le curé de Suez, nous décidâmes de nager dans le canal. Nous étions entourés de femmes voilées et d'hommes enturbannés! Pas de mea culpa de bas étage mais la réalité crue : je fus plaquée contre un poteau par mon diplomate " si tu ne m'embrasses pas, je ne te lâche pas "! Là, le rire est monté en moi car la situation était absurde et le type plus qu'audacieux! Il reçut son premier baiser amoureux de ma part et je partis en nageant vite, songeant " comment vais-je me sortir de ce merdier? "! Je n'en suis pas sortie, et j'ai considéré le mariage comme nul, sans attendre le jugement officiel du tribunal ecclésiastique! Il me parlait en anglais et je lui répondais en français parce qu'il était parfaitement bilingue. Il m'entendit converser avec des australiens en anglais et me fit remarquer que je parlais couramment l'anglais. Je parlais aussi assez bien l'arabe égyptien pour que l'on me prenne parfois pour une égyptienne. Mon amant d'alors avait honte en m'entendant, car il ne parlait pas l'arabe, et avait la mauvaise idée de parler anglais avec une voiture immatriculée corps diplomatique. Il était blond aux yeux bleus. Normalement, je préfère les beaux ténébreux. J'en avais aimé plusieurs...

J'ai rencontré sa femme dans un cocktail diplomatique. Ce pauvre cher homme jouait à conter fleurette à toutes les femmes, et je suis allée converser avec sa femme parce que je trouvais son attitude odieuse et que je me sentais solidaire d'elle. Ledit amant n'est plus de ce monde...

Véronique n'a jamais montré le moindre désir de coucher avec une femme jusqu'à l'âge de cinquante ans. Elle était portée sur les hommes et très sensuelle, avec un regard allumant tout le monde. Quand j'ai regardé les touristes arriver en shorts à Louxor avec d'autres égyptiens, Véronique m'a dit : " tu as un regard de mec ". Je trouvais absurde de se promener en short en Egypte.  Oui, je regardais ces colonnes parfois dotées de cellulite mais nettement moins belles que celles des temples.

Véronique a posé un problème à Aziza quand celle-ci vit son marc de café. Je compris qu'Aziza voyait beaucoup de choses dont elle ne parla pas. La télépathie la rendait assez opérationnelle : elle avait vu dans le marc de café de la mère de ma filleule qu'il n'y avait pas de père. Elle me l'a dit doucement en m'interrogeant. J'ai répondu par l'affirmative en lui disant de ne rien dire.

Véronique était gênée parce que j'étais polyglotte et lui traduisais tout. De fait, je parlais anglais, allemand, italien ( un peu ), arabe égyptien. En milieu international, ceci n'a rien d'étrange. Nous finîmes le hasch ensemble et j'ai beaucoup conversé avec un allemand avec qui, sans doute, l'histoire aurait continué, si nous n'avions pas eu un avion à prendre. Je ne sais pas dans quel état nous étions, ce soir là, mais nous perdîmes un briquet...

Marianne a donné la bonne réponse : j'ai vécu ce que je souhaitais vivre. Je n'ai jamais eu envie d'une femme. 

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1 septembre 2021 3 01 /09 /septembre /2021 17:52

Il me semble logique que j'aie appris en Egypte que les femmes devaient tondre leur gazon si elles épousaient un musulman. J'ignore si  les chiffonnières chrétiennes le faisaient. Ceci est possible puisque l'excision se pratiquait dans les bidonvilles comme dans certains milieux du monde rural. Les chiffonniers du Caire étaient originaires de La Haute Egypte où ils n'arrivaient plus à vivre de leurs exploitations agricoles à cause de partages trop fréquents. Il semblerait que Nasser ait modifié le droit des successions. Ils ont songé à l'élevage de porcs de couleur gris foncé qui baisaient trois par trois, et qui pouvaient se nourrir d'une partie des déchets collectés. Les touristes mangeaient sans doute ces porcs dans les grands hôtels du Caire où ils se croyaient en sécurité avec du jambon et des salades! Bien entendu, ils ignoraient d'où venaient les porcs. Soeur Emmanuelle allait parfois dans ces hôtels très chic pour donner une conférence, et nous passions ensuite avec de grands sacs de plastique ( comme ceux des grands-magasins ) qui se remplissaient de billets.

J'avais évoqué Nawal al Saadaoui décédée récemment, médecin sans doute aussi formée en gynécologie, et psychiatre. Elle a tenté de soigner les femmes de son village d'origine dans un centre de santé qu'elle a créé. Elle a aussi créé une bibliothèque. Nawal al Saadaoui a écrit plusieurs ouvrages. Le premier que j'ai lu est " La face cachée d'Eve " ( il existait en poche ). Comme sa soeur, elle fut excisée, et le décrit, je crois dans cet ouvrage. Les femmes mais aussi les hommes croyaient qu'une femme non excisée ne pourrait pas se marier. Je ne sais pas pourquoi le clitoris et les petites lèvres étaient jugées impures : était-ce pour limiter l'orgasme de la femme? C'est mon hypothèse. Il y a cet autre point qui pouvait être dangereux : la femme devait saigner lors de son dépucelage, alors que certaines femmes naissent sans hymen et que d'autres femmes ont un hymen très souple qui ne saigne pas. Les sages-femmes traditionnelles mettaient parfois un sac de sang de poulet dans les entrailles de la femme si elle avait été violée, voire si elles avaient examiné les femmes et perçu l'absence d'hymen. Il était difficile de tout savoir. Nous avons travaillé avec les sages-femmes traditionnelles pour que les naissances se passent dans de meilleures conditions d'hygiène. Les maisons en tôle étant jonchées de détritus, il y avait un risque d'infection lorsque le cordon ombilical était coupé. Lorsque nous avons démarré dans les bidonvilles un enfant sur deux mourait du tétanos, et plus de 90% des décès avaient lieu après la naissance.. La priorité fut donc de vacciner les femmes enceintes. En parallèle, nous devions comprendre pourquoi les chiffonniers dont certains étaient riches ne construisaient pas d'habitats en dur. Ils arrivaient parfois à louer des logements dans des immeubles dont ils étaient propriétaires, et entassaient leurs sous de diverses manières. Ayant été chassés souvent des bidonvilles où ils vivaient, ils ne voulaient pas construire en dur même si ils en avaient les moyens. Il leur fallait la propriété du terrain. Nous dûmes faire appel à des bailleurs de fonds dont la banque mondiale, l'union européenne... Les plus riches construisirent des immeubles de plusieurs étages, les plus pauvres recevant une aide. Les demi-pauvres ( nous les appelions ainsi en riant ) devaient donner 50% de la somme nécessaire pour une maison avec une pièce en dur. J'ai assisté à une scène désopilante avec des hommes en turbans et deux bonnes soeurs ( Soeur Emmanuelle et Soeur Sara ) qui recomptaient tous ces billets crasseux à la lueur d'une lampe à pétrole : il aurait fallu filmer cette scène croustillante, les bonnes-soeurs étant dures en affaires! Les vrais pauvres avaient gratuitement une pièce en dur. Il y en avait très peur. Le recyclage rapporte beaucoup d'argent, se fait à la main. Il y a des grossistes d'un premier recyclage, puis des grossistes du recyclage des matériaux qu'avaient les premiers, et ils revendent leurs déchets bien triés à des usines. Plus tard, il y eut une usine de compost pour ce qui ne pouvait pas se revendre, et qui mêlé aux excréments d'animaux pouvait servir d'engrais. L'usine fut longtemps déficitaire et c'est une grâce céleste ( un rire de ma part ) sinon elle aurait été nationalisée. Craignant que cette usine échappe aux chiffonniers, j'ai engueulé mon amant diplomate qui avait signé une subvention sans même me demander mon avis! Les hommes manquent parfois de bon sens, mais il confessa son péché avec une contrition sincère car je l'avais traité de connard, et le tout s'acheva en galipettes intimes.

Le bidonville fut raccordé aux égouts, à la voirie, à l'électricité, le tout étant piraté au départ... Le centre de santé est devenu une petite clinique. Il y a aussi une école. Les sept bidonvilles ont suivi la même évolution. Les chiffonniers devaient payer un " droit de trottoir " pour le quartier où ils récupéraient les ordures des habitants du Caire. Il y avait donc dans cette économie parallèle une catégorie de proxénètes. Peut-être étaient-ils aussi chiffonniers : tout est possible en Egypte.

Des cousins de mon père m'avaient apporté de l'eau de vie de prune de ma grand-mère qui était bouilleur de cru. Il y eut un soir, il y eut un matin : nous étions saouls, un médecin égyptien et moi. Je l'avais sacrément allumé et étais prête à poursuivre cette fête dionysiaque mais il eut peur des bonnes soeurs coptes. Il a fait le mur pour sortir de la maison où nous étions, un habitat en dur sans eau ( il fallait aller la chercher dans le quartier limitrophe, et pour que Soeur Emmanuelle réagisse, j'ai rempli nos réserves avec des seaux d'eau sur la tête : il fallait bien remplir notre citerne! Un bon coup de comédienne et Soeur Emmanuelle trouva quelqu'un pour le faire puisque j'étais affectée à d'autres tâches ). Les toilettes ne fonctionnaient pas bien ( pas de raccord suffisant ) si bien que nous devions jeter le papier dans un seau, et le faire flamber au pétrole dans un bidon sur la terrasse : c'était rigolo à faire! En Egypte, il n'y a pas de chauffage mais j'étais jeune. J'avais un réchaud à pétrole pour faire chauffer l'eau nécessaire pour me laver et pour d'éventuelles boissons chaudes. Je ne faisais pas de grande cuisine et je n'ai pas le souvenir d'oeufs brouillés flambés au cointreau, plat que je m'offrais très souvent dans ma case au Togo.

Je précise qu'il existe des cliniques de réfection d'hymens. L'excision n'est pas vraiment légale, ne l'est pas du tout. Il faut être un occidental pour se poser des questions juridiques sur des pratiques complexes. Bien entendu, dans certains milieux où les femmes sont cultivées, il n'y a pas d'excision. Je crois que mon amie peintre Mona Zaalouk n'était pas excisée. Je ne l'ai pas interrogée sur son gazon : c'eut été malséant. Elle semblait très libre et sensuelle. Ses tableaux sont accessibles sur internet. Elle était divorcée quand je l'ai connue au Caire et avait un fils. Elle partit pour Paris quand elle a appris qu'elle avait un cancer du sein. Elle dut l'expliquer à sa mère qui la traitait de " pute ", je crois, au téléphone. Elle a vécu dix ans à Paris, multipliant les expositions, et ayant fondé une association de peintres africains ( elle ne s'était pas limitée au Machreq ). Pleine de vie, et optimiste, elle avait un grand talent et nous faisait souvent rire avec des plaisanteries. J'allais souvent voir ses tableaux pour réfléchir avec elle à l'art de les exposer en les mettant en valeur. Je me souviens lui avoir dit, un jour : " tu sembles vivre des choses intéressantes, ces temps-ci " avec complicité pour son art d'enlacer les corps avec de la peinture mais aussi du sable et divers matériaux selon l'inspiration. Je crois que l'heureux élu était italien. Le cancer évolua mais Mona restait très belle et très joyeuse. Elle a préféré ne plus voir ses amis, les derniers mois de sa vie. Son fils vint auprès d'elle.

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 15:05

Le nez crochu, vêtue de haillons sombres et déchirés, Dame Misère me nargue, et pour rire un peu plus de moi, elle saute dans une polka endiablée avec Dame Mort qui associe l'orange flamboyant et un noir très chic. Dis-moi, Véronique, où en es-tu? Belle femme à la crinière en feu, au regard lubrique, que penses-tu de ce jeu de mes compagnes du grand âge? La retraite approche pour toi aussi : tu auras plus de délicatesse  que celle que je nommais " la gamine " quand tu seras obligée de t'attaquer à ce dossier enquiquinant mais inévitable. Je te sais très organisée, et tu ne risques pas de te lamenter sous prétexte que tu n'as que 25 000 euros d'épargne! Ce n'est vraiment pas ton style. Te souviens-tu des flamboyants, arbres d'Afrique qui nous faisaient rêver avec leurs oiseaux multicolores? Je ne connais pas ta maison à S mais je l'imagine très fonctionnelle, peut-être entourée d'un jardin d'Eden, et je pense que tu as remboursé ton emprunt! Sacrée Véronique, je t'admire et tu l'ignores. Tu avais pu emprunter de quoi acheter une pièce de sept mètres carrés dans Paris : sans doute as-tu eu un prêt de ton employeur pour l'apport initial, et des traites à payer par la suite. Domino, minette, elle était bien ta piaule avec sa mezzanine prévoyant aussi des cabrioles sous cette mezzanine. Tu m'avais dit avoir indiqué à ta mère venue séjourner chez toi où se trouvaient les préservatifs : je trouve cela très drôle. J'aimais bien tes parents, ne sais pas s'ils sont encore en vie.

Je t'avais envoyé une lettre rédigée dans un fou rire nerveux quand ma mère est morte. Je te savais capable de rire comme moi de l'électricité qui sautait, du cirque avec nos lampes à pétrole et nos cierges. Je dois avoir ton adresse mais je ne la donnerai pas. Tu le disais, jadis, que nous échangerions nos souvenirs de petites-vieilles sur un banc avec des pigeons alentour!

Te souviens-tu Véronique du jour où nous avons nargué une bande de mecs à Alger? Evidemment, j'étais à l'initiative de cette idée. Nous leurs interdisions de nous approcher au nom des us musulmans et nous nous moquions d'eux : nous fûmes quelque peu téméraires mais nul ne nous agressa ce jour-là!

L'engueulade de " la gamine " m'a empêchée de dormir cette nuit et je ne tiens plus debout. La polka entre Dame Misère et Dame Mort est un écho de ma vision de l'avenir avec un vaccin dont " la gamine " me dit qu'il est mortel, et une certaine envie de rire de toute cette excitation. J'envisage un vaccin à virus inactivé si la vaccination devient obligatoire : je n'ai plus la force d'écouter les complotistes. Oui, il y a une gigantesque histoire de fric derrière ce vaccin inutile, mais le monde est dominé par un capitalisme débridé. Dame Mort joue au toreador  avec moi je la trouve très bien vêtue avec sa longue jupe noire dotée d'une fente érotique, et son haut orange émettant des flammes jusque dans le décolleté qui laisse entrevoir les seins. Te souviens-tu, Véronique, du passage de l'opéra de Carmen où l'on entend : " c'est la retraite "? Bien entendu, il s'agit de consignes militaires et non du picaillon pour les vieux schnocks. Ma chérie, n'es-tu pas du signe Vierge avec un ascendant Scorpion? Une Vierge sans hymen : ton premier amant en fut sidéré, mais c'est plus courant que prévu. Je n'ai pas oublié Mohamed : il m'a émue. Il t'aimait vraiment. Je ne sais plus pourquoi il était de passage en France.

Tu finiras par avoir soixante sept ans, devant prendre ta retraite! Tu devrais reprendre des études : tu étais passionnée par le grec moderne. Pourquoi ne pas reprendre cette langue, et éventuellement y ajouter le grec classique? Pour ma part, je rêve de reprendre l'arabe égyptien, cette langue si chaleureuse qui me donnait une autre personnalité sans les interdits de ma langue morte d'origine, le français. Tu sais bien, Véronique, que ma famille se croyait obligée de respecter des us et coutumes, sachant parfois s'en libérer dans un gigantesque fou rire.

Dis-moi, Véronique, que nous est-il arrivé dans le marigot où nous fîmes du nudisme au Togo? J'ai oublié les détails mais nous sommes tombées malades par la suite.  Ophélie t'aurait-elle initiée? Je ne peux le savoir. Tu étais très délurée mais plutôt portée sur les hommes. Certes, tout cela est vieux.  Nous étions de grandes complices entretenant une correspondance échevelée, et nous défoulant quelque peu dans ces écrits. Un jour, peut-être, tu auras envie de me donner un signe de vie. N'oublie pas, Véronique, que je t'admirais.

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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 22:03

Effectivement, je me défoule en mettant des mots dans la bouche de ma mère, mots qu'elle aurait pu prononcer. J'ai déjà parlé de cette enfant qui aurait besoin d'avoir plus d'éléments sur son père. Je ne crois pas qu'il soit bon que je lui donne quelques détails que sa mère devrait lui fournir. Le père est revenu en France, a suivi sa fille ( il me semble que ce n'est pas anodin d'autant plus qu'il ne l'a pas enlevée. J'avais eu cette crainte car ma filleule était surdouée. Il a parlé avec la mère à qui il n'a reproché que d'avoir fait baptiser l'enfant. C'est un peu juste pour dire à cette jeune femme que son père l'aimait mais je crois que évoquer cette filature discrète n'est pas dangereux ).

La mère ne veut rien lui dire mais cette jeune-femme souffre. Elle sait bien que son père a plaqué sa mère avec des mots invraisemblables  " fais-toi avorter. Je t'épouserai ensuite ". Cette relation me semblait pathétique avec le peu que j'en savais et je ne croyais pas au mariage. La mère avait été traumatisée par un avortement qui fut, en réalité, un curetage puisque l'enfant était mort in utero.

On me prit souvent pour la mère de cette enfant qui m'adorait, au point que ceci m'inquiéta.

J'ai évoqué mon père dans l'article précédent. Il est exact qu'il comprit, je ne sais plus comment, que la mère me demandait de l'argent. Mon père si calme en temps normal m'a dit  " je vais envoyer en justice Monsieur X " Monsieur X était le père de cette mère : cet homme charmant ignorait tout du truandage, et j'ai tenté de calmer mon père. Néanmoins, j'ai dit à cette mère ce que voulait faire mon père, ajoutant que si j'élevais seule un enfant, je ne lui offrirais pas des cours de patinage artistique ni des cours d'escalade. La réponse m'a sidérée : " ce sont mes parents qui paient les cours ". Je devais verser une somme mensuelle non anodine pour ces loisirs futiles de mon point de vue. Seule la scolarité de cette enfant comptait à mes yeux. Elle était surdouée et tout se passa bien jusqu'à l'entrée dans l'adolescence où elle ne travailla plus ( je ne fais pas d'hypothèse psychique mais je suppose que son histoire familiale devenait trop lourde à porter ). Pour l'aider à s'en sortir, il faudrait lui parler de son père : je l'ai dit et redit. J'ai frôlé la mort, me demandant comment lui parler, mais je n'obtiens pas ses coordonnées, ce qui me sidère. Je suis fatiguée avec cette histoire qui semble réaliser les propos d'un medium " ce sera un cas social ". Je n'y crois pas mais qu'a senti le medium devant cette mère désorientée? Un ami prêtre m'a demandé après l'avoir vue avec son enfant dans le dos : " c'est une insémination artificielle? ". Je lui ai expliqué le drame.

Naturellement, mes parents ne me demandaient pas de leur rembourser quoi que ce soit, puisque je ne leur devais rien : j'ai inventé ce bobard mais en bonne poire n'ai fait rembourser que le dernier mois versé. Un jour où mon père encore responsable de son centre de recherche se voyait dans " l'obligation " de gérer les finances d'une tante de ma mère, je lui ai dit : " Papa, vos beaux-frères sont à la retraite ". Mon père me regarda avec les yeux pétillants de rire : " Sais-tu ce qu'est un bon chrétien? " Je me doutais que ce serait drôle : " une variété de poires "! La morale de cette histoire est que les poires engendrent des poires.

                                                 Votre poire qui se défoule dans son blog et qui va aller bouquiner au pieu. J'ignore si les poires peuvent donner des idées saugrenues en matière de godemichés ( ceci en écho au commentaire sur le compotier de fruits de Gem sur le blog de Marianne! Je n'ai jamais utilisé de poire : il y a peut-être des fruits exotiques à explorer. Véronique avait des envies en voyant des litchis... ).

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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 17:08

- Maman, avez-vous entendu le téléphone où j'ai reçu une engueulade?

- L'intelligence limitée conduit à bien des choses, et a provoqué la naissance d'un enfant dont le père était peut-être terroriste. Tu as tout fait pour cet enfant, et ton père ne le supportait pas, surtout quand tu donnas de l'argent alors que tu n'en avais pas!

- Pardon, Maman, je ne peux plus penser à cela : j'ai été victime d'un truandage incompréhensible puisque les grands-parents de l'enfant donnaient de l'argent pour des loisirs que je jugeais inutiles et futiles que je n'aurais pas offert à mon propre enfant. C'est alors que j'ai su la vérité et dit que je devais vous rembourser un emprunt.

- Et cela a marché???

- Je n'ai demandé qu'un mois de ce qui m'était exigé depuis huit ans!

- Tu es trop bonne! Lucifer m'a dit que tu recevais une engueulade d'une personne qui a atteint l'âge de la retraite et qui pleure sur son sort parce qu'elle ne veut pas se faire vacciner et qu'elle n'a pas fait de demande de retraite. Tu fus si chaleureuse que tu lui suggéra de demander le RSA en attendant ladite retraite. C'était loin d'être idiot! Tu as reçu une engueulade alors que tu as parmi ta brochette de diplômes celui de la mère de l'enfant du pseudo-terroriste que tu as déclarée " née de père inconnu, avec interdiction de parution dans les journaux " devant une employée terrassée qui t'a demandé si tu étais la grand-mère! Je crois que tu en fus quelque peu vexée!

- J'ai le même âge que la mère. J'ignorais, j'ignore encore le nom du père : j'ai agi selon les consignes de l'obstétricienne. Pour le coup de la retraite, après ce que j'ai vécu, je ne comprends pas l'engueulade inadmissible : je suis sortie à-demi paralysée de l'hôpital devant demander ma retraite sur le champ. Je croyais pouvoir gagner un peu de temps en restant à Pôle-Emploi pour avoir tous mes trimestres. Il  ne m'en manquait presque pas! J'ai cru que j'allais crever. J'ai eu le RSA trois mois et j'aurais à le rembourser quand ils me le demanderont. Je n'avais pas un centime de côté!!! Blessée, avec des escarres jusqu'à l'os, je ne tenais pas debout! J'ai mal! Je suis dans la galère depuis septembre et ne touche pas encore la totalité de ma retraite, mais je n'en parle pas! J'essaie de trouver de quoi survivre avec les écrits de Maurice Clavel, de Jorge Semprun, de Marie Balmary, et j'écoute les rescapés du génocide tutsi pour garder ma force dans toutes ces épreuves. Je n'ai rien pour vivre : ma santé est foutue mais pourquoi emmerder les autres avec cela?

- Mais pourquoi n'as-tu pas engueulé cette femme inconsciente?

- Maman, je ne sais pas me mettre en colère devant des paroles incohérentes! Je ne sais pas si je serai obligée d'accepter un vaccin, mais il est inutile d'emmerder les autres avec cela. Je diminue de plus en plus ma ration alimentaire, finissant des fromages blancs à 0% dont la date est dépassée mais qui ne piquent pas.

- Comment as-tu fait pour ne pas prendre dans ton hérédité, mon côté colérique?

- Vous m'avez trop traumatisée sur ce point mais je vous ai piqué le rire, le côté farfelu et artiste, une sensualité de bon aloi ( là, je plaisante pour l'internaute qui ne comprend pas pourquoi je n'ai pas couché avec Véronique!  D'ailleurs, il ne comprend pas pourquoi les femmes préfèrent les gros calibres chez ces messieurs ).

- Il est bizarre, ce type : c'est pourtant normal, non ? Mettre sa vanité dans ce petit engin est un défaut de manque d'imagination!

- Au fait, j'avais une amie qui prétendait avoir un vagin plus profond que la normale si bien qu'elle ne pouvait pas enlever les éponges imbibées de sperme : cette histoire me sembla étrange et ceci conduisit ladite amie à devenir bonne soeur!!!

- N'oublie jamais que l'intelligence est rare, que l'intelligence du coeur aussi peut faire défaut.

- Que me conseillez-vous?

- Tu lui pisses sur l'oeil!

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29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 16:00

Plusieurs rescapés tutsi du génocide rwandais évoquent l'importance de l'oeuvre de Jorge Semprun dans le processus de la rédaction de leur témoignage. L'écrivain est né en 1923 en Espagne ( wikipedia évoque ses parents ) dans une famille républicaine mais j'ignore si ses parents avaient des fonctions en lien avec le mouvement républicain espagnol. Je pense que oui d'après ce que j'ai lu. Jorge Semprun a lutté contre la montée du franquisme. Il semble avoir vécu, encore jeune à La Haye où son père a un poste de diplomate représentant le parti républicain espagnol marxiste ( là, il est important de savoir que nul ne connaissait le goulag dont parlera par la suite Jorge Semprun ). La délégation républicaine est supprimée en 1939 ( Franco est au pouvoir ). La famille émigre en France où Jorge Semprun poursuit ses études au lycée Henri IV. Maurice Clavel y était passé plus tôt ). Il participe à la manifestation républicaine  ( mouvement espagnol, je pense ) le 11 novembre 1940. En 1941 il reçoit le deuxième prix au concours général de philosophie et passe son baccalauréat puis entame des études de philosophie à La Sorbonne. Il entre dans la résistance en 1942, en lien avec la section FTP-MOI ( Celui dont parle Nadianne dans son blog " La vie rêvée de Nadianne ", réseau communiste. Mon père était chez les FFI ) et entre au parti communiste espagnol avec l'enthousiasme de la jeunesse, et sans doute une lecture de Marx mais sur ce point, je n'ai pas de détails. En lisant " Ce que je crois " de Maurice Clavel proche de l'extrême gauche et anti-communiste, j'ai découvert  des textes de Marx que je ne connaissais pas. En effet, durant mes premières études de Sciences Economiques, nous dûmes nous livrer à une exégèse de l'ouvrage plutôt économique  " Le Capital " ( trois tomes à avaler ). " Le manifeste du parti communiste " me parut nul, " L'idéologie allemande " me fit pressentir des dérives dictatoriales avec manipulation des consciences . J'avais opté, jeunesse oblige, pour Proudhon.

Jorge Semprun est déporté à Buchenwald en 1943. Il tente de résister de l'intérieur du camp. J'ai retrouve dans ma bibliothèque " L'écriture ou la vie ", et en lisant les premières pages, j'entendis comme un rire de l'auteur en expliquant aux alliés en 1945 l'odeur des fours crématoires et ceci m'a fasciné : il indique ainsi que ses propos sont inaudibles et qu'il n'est pas cru. Il a assez de recul pour rire de la bêtise des alliés.  Il n'a pas réussi à écrire à son retour de camp même s'il a tenté de le faire : il se sentait comme mort dès qu'il franchissait la porte du camp. Il dut utiliser des " artifices littéraires " pour faire avaler la pilule et j'avais retenu ce point dans les témoignages des rescapés tutsi. Comment exprimer le non entendable? Je viens d'écouter un hommage à Jorge Semprun sur le site de Mémorial de La Shoah. Je confesse que j'aurais dû connaître cet auteur, scénariste, et dont l'oeuvre est immense. Paradoxalement, je retrouve des ouvrages que j'ai lus jadis. Il tente d'oublier les camps puisque nul ne peut en parler en rencontrant une écoute. Néanmoins, je crois que ses romans " Le grand voyage ", " Le beau Dimanche ", " L'Evanouissement " dévoilent par étapes ce qu'il a vécu.

J'ignorais qu'il avait co-écrit ( si j'ai bien compris ) le scénario du film Z. Sa lecture de Soljenitsyne lui fait découvrir le goulag. Il réagit de diverses manières, est exclu du parti communiste. Il découvre des parallèles entre les camps du goulag et les camps de concentration, luttant contre toute oppression. Une assistante de l'hommage que je viens d'écouter interroge les conférenciers sur son rapport avec La Shoah. Il lui est répondu qu'il fut témoin de convois d'enfants et qu'il aurait été encore plus traumatisé, lui-même étant déporté à cause de la résistance et non au titre de " ce qu'il est ". Il se pourrait qu'il ait rencontré Elie Wiesel. L'ouvrage  Z, les écrits de Soljenitsyne me sont connus. Si j'avais " L'écriture ou la vie " de Jorge Semprun dans ma bibliothèque, sans doute est-ce parce que j'en avais entendu parler. Son style est extraordinaire. Le titre ne pouvait pas être " L'écriture est la vie " puisqu'il approchait de zones où La Mort avait les pleins pouvoirs. La question devient : comment parle de ce que nul ne peut entendre?

PS : une messe a été célébrée pour le 77 ème anniversaire de la libération de Paris à Notre-Dame de Paris délocalisée, soit à Saint Germain L'Auxerrois. Parmi les personnes présentes se trouvait la famille du Maréchal Leclerc de Hauteclocque : une année où je suis allée à un anniversaire de la libération de Paris à Notre-Dame, j'ai pu converser avec une fille du Maréchal Leclerc de Hautecloque avec qui j'ai évoqué la guerre et la résistance : ses enfants et petits-enfants n'ont pas très envie de militer pour " le devoir de mémoire " ( il m'est difficile de trouver les mots exacts puisque je n'ai pas entendu ces termes dans ma famille pour qui la résistance était une évidence ). Cette femme semble avoir créé une association dont j'ai oublié le nom, mais elle m'a dit qu'elle avait besoin de personnes comme moi, fille ( petite-fille, nièce aussi ) de résistants. En écoutant les vidéos conférences du Mémorial de La Shoah, je comprends qu'il faut transmettre ce que nous avons appris dans nos familles ( ma mère a eu à se réfugier quand des mitrailleuses ont tiré sur la maison où elle habitait. Elle eut aussi à rester cachée lors du deuxième passage des allemands dans cette maison en 1944 parce que l'officier ( ou autre grade ) avait dit à ma grand-mère maternelle qui parlait allemand que ses filles étaient en danger à cause des cosaques de son régiment. La maison fut aussi occupée en 1939 ). Ainsi, l'histoire nous revient en pleine figure de manière inopinée. Jorge Semprun, les témoignages des rescapés tutsi qui ont écrit divers ouvrages. Je trouve très émouvant ( quels termes employer? ) la prise de conscience d'une femme métisse dont le père n'était pas français même si elle a dit qu'il l'était pour stopper " le travail " ( travailler était massacrer les tutsi, voire les achever avec des machettes ou en mettant le feu dans les bâtiments où ils étaient réfugiés...) qu'elle n'a jamais remercié les membres de Terre des Hommes qui les ont évacués dans un convoi d'enfants, Beata ayant quinze ans et sa mère étant cachées sous des tissus dans le camion ) Elle a juste pu entrer en contact avec ces membres de Terre des Hommes, remercié celui qui les a sauvés, et permit à des enfants de le remercier ( elle a dû retrouver les noms des enfants ). Il s'agissait d'un couple dont l'homme a eu la pudeur ( Alexis est son prénom ) de ne pas trop dire en quel état de santé il était. In fine, Diana son épouse a expliqué à Beata qu'il était en phase terminale de cancer. Beata, les enfants de son convoi de rescapés lui ont transmis leurs remerciements juste avant qu'il ne meurt. La vidéo du site du Mémorial de La Shoah est de juin 2021.

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28 août 2021 6 28 /08 /août /2021 00:03

Ma lecture de l'ouvrage de Maurice Clavel rejoint ma quête de sens à donner à la vie, de la soif d'absolu, de son court-métrage " Le soulèvement de la vie ", court-métrage accessible sur internet. Maurice Clavel eu son baccalauréat à quinze ans, fit une préparation pour l'école de la rue d'Ulm, étant obligé de réussir le concours au bout d'une année parce qu'il n'avait pas d'argent. Je songe à une jeune femme habitant sous les toits comme moi au sixième étage d'un immeuble dans le neuvième arrondissement. Salariée à mi-temps dans une banque, elle soutenait financièrement sa famille restée au Portugal. Il fallait qu'elle ait le concours de la magistrature du premier coup. Nous avons fait connaissance parce qu'il n'y avait pas de lumière dans le couloir qui conduisait aux chiottes de l'étage. Je n'avais pas de lampe de poche et lui ai proposé une bougie dans un bougeoir. Je m'intéressais à ses examens. Je lui ai demandé si elle avait eu des études de cas à présenter dans un cadre limité (espace/temps; aucun dossier, aucun document juridique). J'ai fait pas mal de droit dans mes diverses formations, si bien que je lui proposais des cas que j'étais moi-même apte à traiter. En ce temps-là, j'avais mon premier ordinateur puisque je suivais une formation pour diriger des cliniques, des centres de soins. Je rêvais d'échanges entre enfants malades sur le plan international ce qui supposait une organisation sans faille ( transport spécial en avion ). Un enfant malade peut retrouver la joie de vivre en rencontrant d'autres enfants malades à l'étranger... Un jour, je me souviens de mes mots adressés à cette jeune femme : " Vous n'avez plus besoin de faire ce type d'exercices. Révisez votre programme. Si vous avez envie  de vous changer les idées, venez me voir ". La jeune portugaise a réussi la magistrature du premier coup.

Revenons brièvement à Maurice Clavel. Il s'engagea dans la résistance à la fin de son école ( Normales Supérieures ). Il était philosophe, a sans doute passé son agrégation après la guerre. Il fut engagé volontaire durant la guerre d'Algérie.

Je continue à écouter les témoignages des rescapés du génocide des tutsi au Rwanda. Beaucoup d'entre eux ont rédigé des ouvrages. Je suppose que les titres sont accessibles sur le site d'Ibuka ( association de rescapés rwandais tutsi ) et probablement que le site du Mémorial de La Shoah. Un des livres fut édité par L'Harmattan ( près du Panthéon à Paris ), un autre par Plon, d'autres dans des éditions peu connues. L'écriture est un remède éprouvant parce qu'il remue des souvenirs horribles, parce que les mots sont impuissants à dire l'inexprimable , parce que les occidentaux ne veulent pas en entendre parler d'autant plus qu'ils auraient pu " faire avorter dans l'oeuf ce génocide " ( parole d'un commandant des forces des nations unies ).

L'écriture ou la vie : Jorge Semprun a choisi un bon titre. Déporté à Buchenwald, d'où il fut libéré en 1945 par les américains. Son ouvrage a touché beaucoup de rescapés tutsi. Les borborygmes de mon blog ont une fonction thérapeutique ( notamment dans mes échanges avec mes parents, mais aussi dans l'art d'opérer une synthèse au soir de ma vie dans un soulèvement de gratitude et d'amour ).

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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 18:19

Dans l'article précédent, je précisait que Maurice Clavel avait quarante ans lorsqu'il eut son étrange maladie qui l'a réduit à néant durant cinq ans. Il avait découvert en prenant la main d'une infirmière qu'il était impuissant, et il était dans un tel état qu'il n'en fut pas affecté mais s'en souvint. Quand il sortit de la clinique avec une ordonnance de vingt cinq comprimés, il décida de n'en prendre que trois par jour et non vingt cinq, luttant par le cross et le crawl. A ce régime, il reprit sa silhouette mince et retrouva ses capacités érotiques qu'il traita par des relations qu'il dit, avec humour, inspiré par un esprit mauvais. Il avait besoin de se venger mais je trouve cela très sain!

Comment maigrir quand on a une prothèse? Ne rien manger mais boire de l'eau en quantité normale, faire de la marche rapide, décaper son logis, faire de l'exercice ( c'est un peu plus compliqué quand les partenaires ne sont plus en vie mais il y a bien des astuces pour les remplacer ). J'ai enfin réussi à avoir un rendez-vous de coiffeur, ce dernier ayant fait des travaux durant l'été, période où je lui demande une coupe très courte. Le prix de la coupe est exorbitant. Je ne crois pas que les coupes à dix euros dans les gares soient autorisées en cette époque où L'Etat se mêle de notre santé! En Afrique, Véronique me coupait les cheveux et servait de coiffeur à plusieurs d'entre nous. Elle avait un côté très bricoleur. Elle m'admira quand elle me vit habiter une case dans la dernière soukala  avant celles des peuls qui élevaient des buffles ( ils parlaient de boeufs ), les bufflesses ne donnant qu'un litre de lait par jour. J'avais plusieurs lampes à pétrole et l'une d'elle avait un miroir derrière le globe en verre où brûlait la mèche : c'était très pratique pour corriger mes copies. Puiser de l'eau demandait quelques efforts physiques parce qu'il n'y avait pas de poulie. Le seau était lancé avec une corde à trente mètres de profondeur d'où il remontait avec un peu d'eau pour être lesté et relancé afin de revenir plein. Le puits ne tarissait pas. Quand il faisait chaud, je dormais sur une natte dehors. Véronique venait parfois chez moi passer la nuit : je sais que Gil rêve d'un roman qui n'eut pas lieu. Je pédalais comme une folle sur une bicyclette dont le patin de frein était collé à la roue, durant cent kilomètres sur les pistes. Je nageais aussi dans les marigots et n'ai attrapé aucune maladie dans cette aventure cocasse. Véronique était hilare en me voyant partir au large alors qu'en bordure du marigot, il y avait des porcs de couleur grise. Je ne sais pas ce qui lui faisait peur... Elle a beaucoup regretté de ne pas m'accompagner lors de ma première traversée du désert, si bien qu'elle eut des envies nomades par la suite, me suivant un peu partout. Je lui avais montré sur ma carte dans ma case Tombouctou : nous irons à Tombouctou durant les vacances de Pâques. Sur notre trajet, une maison nous fut prêtée, et ce fut là que je vis pour la première fois une revue pornographique ( il y a un début à tout, n'est-ce pas Joséphine? ). Il y avait un feuilleton évoquant un piano, une partouze avec du miel et de la crème fouettée : je fus prise d'un fou rire inextinguible imaginant les poils collés par le miel. Non, je n'ai pas songé à la tondaison du gazon dont j'ignorais l'existence dans nos contrées. Sans doute ne savais-je pas encore que les femmes musulmanes tondent aussi le gazon. Véronique se sentait très gênée par mon fou rire! La belle sensuelle aux yeux verts avait-elle tondu son gazon pour ses amants musulmans?

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