Chère Ophélie,
Tu m'amuses et quand je tente d'entendre comme des sons plus qu'un sens entre un enchaînement réjouissant et excitant d'images, de peintures, de jeux érotiques et de jeux colorés pour achever sur un poème qui chante l'éternité de la femme, c'est dans la joie et la liberté. Les seins imposants de ta première image m'ont intriguée en me faisant sourire et si j'ai repris le terme " monstrueux ", ce ne fut qu'en écho aux propos de Marianne mais, semble-t-il, j'ai choqué Alexandre et je souris parce que je suis sculptrice et que je n'ai nul à priori sur les corps. J'ai appris à sentir vibrer chaque corps offert dénudé à mes yeux nullement voyeurs mais précis, regards d'écoute qui guidaient mes mains imprimant l'argile, et les seins imposants se seraient inscrits élégamment dans l'argile.
J'ai connu plus complexe avec Stella en surcharge pondérale mais surtout, pauvre femme, inapte à tenir une pose, prise de mille mouvements incontrôlés, et de sons déroutants. Un infini respect s'imposait pour transmettre ce qui émanait de Stella de son corps, de sa voix, de son coeur, et pour y parvenir, j'appris à ralentir mon rythme, dans une attitude presque contemplative car je ne sais sculpter sans aimer, et j'ai appris à aimer Stella qui n'était ni danseuse, ni modèle professionnel aux proportions parfaites, mais chanteuse sans argent.
Sculpter le mouvement : oui, Ophélie, ce que tu nous offres s'y prête. Je ne sais si tu fonctionnais comme moi, mais le réveil de ton cher petit lapin me donne toujours le désir d'une entrée en force jusqu'au col..... avec tout ce que tu peux imaginer en termes de fantaisies ou de pénis un peu " étouffe-chrétien " dont était doté un de mes amants séfarades qui céda sous mon charme le jour où il ne parvint plus à me dépasser au club alpin, lui qui était si grand. Comme il se doit, il veillait beaucoup sur sa mère.... Homme d'un grand courage, il avait surmonté des épreuves lourdes que tous ne supportent pas.
Et quant aux seins, chère Ophélie, les miens valsant dans les flots du canal de Suez envoûtèrent un diplomate britannique lui-même très séduisant, drôle et intelligent, excellent comédien. Certes, nous ne fûmes jamais à la place du Baiser de Rodin sous les photographes japonais, mais ce jeu cocasse nous ressemblait... Enfin, chère Ophélie, nous qui fûmes soignantes, n'avons-nous pas aimé les corps malades voire défunts en les sculptant pour leur rendre sérénité....? Le corps malade n'est pas laid pour les soignants. Il est seulement à soulager, à panser, à masser, comme il nous est bon de nous masser mutuellement, éventuellement aux bains où je me rendais souvent jadis, sans que mon coeur ne souffre de la chaleur humide. Tout est joie et volupté pour les artistes et les amoureux ou amoureuses.