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11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 12:46

Le regard du diable, du mal à l'état absolu, Révérien dit l'avoir vu dans les yeux de son bourreau hutu ( témoignages des rescapés tutsi sur le site du Mémorial de La Shoah ). Ma génération songe plutôt au regard du boche nazi des camps de concentration : mon éducation d'enfant comportait un chapitre sur l'art de survivre en camp de concentration. Ma mère traumatisée n'a cessé de nous offrir cet enseignement quand nous étions enfants. " Maman, d'où venait votre traumatisme? Je sais que vous avez voulu imiter le roi du Danemark en portant l'étoile jaune et je vous comprends. Votre père vous l'a interdit et je le comprends : vous aviez onze ans en juin 1939. Votre père devait vous protéger. Tous les parents commettent des erreurs de compréhension des sentiments profonds de leurs enfants. Maman, Grand-Père a eu peur pour votre vie, mais accueillez l'émoi de votre fille qui aurait eu le même désir que vous. La réponse du roi du Danemark était la seule à opposer aux boches. Nous sommes tous des humains à ontologie sacrée. Il y eut le peuple élu à qui j'offre mon étude de l'hébreu durant des années. Maman, quand notre cadavre reposait dans une chambre, il m'était impossible de dormir, et j'ai passé mes nuits à étudier la grammaire la plus complète ( du moins, à ma connaissance ) hébraïque, la grammaire Joüon. Sans doute m'aviez-vous envoyé un esprit cultivé qui lia votre étoile jaune et ma grammaire. "

Un autre rescapé tutsi, seul survivant de sa famille, après avoir vu l'horreur indescriptible des machettes, du dépouillement des vêtements des victimes, de l'incendie du charnier ( hélas, souvent des églises, parce que lors des autres massacres des tutsi, les églises étaient respectées comme lieu de refuge et n'étaient pas attaquées ). La question de ce rescapé est poignante : puis-je mettre au monde un enfant alors que l'humain est capable du pire, et puisque mon propre père n'a pas pu me protéger? Douleur terrible difficile à traverser : in fine, il a eu deux enfants. Je précise que les rescapés réfugiés à l'étranger recevaient des menaces de mort anonymes.

Il peut arriver que l'on envoie des messages anonymes par erreur, par méconnaissance des façons de réagir à un blog : le plus simple est un commentaire. Il est possible d'utiliser la fonction " contact " si on ne désire pas rédiger un commentaire. J'ignore même comment j'ai reçu les signalements d'abus avec cette indication " no reply ". Il s'agissait d'une erreur d'utilisation des fonctions d'un blog. Ce fut d'une telle violence que je ne l'ai pas supporté. Mon épaule n'est toujours pas remise de la chute provoquée par cette attaque ( c'est ainsi que je l'ai ressenti ). Mon épaule droite fracturée en 2013 a été atteinte lorsque je suis tombée et restée dans le coma durant  une semaine sur mon plancher. Je souffre encore mais cela passera. Les messages anonymes ne voulaient pas l'être : c'est donc une erreur. L'offense est donc effacée. Je trierai les articles en fonction de mes forces : je suis invalide et âgée.

PS : les rescapés parlent, à nouveau, de l'ouvrage de Jorge Semprun " L'Ecriture ou la vie ", ouvrage sur lequel j'ai rédigé un article, ouvrage que je recommande aux lecteurs.

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commentaires

M
Tu poses un véritable problème: comment peut-on mettre au monde un enfant quand les humains sont capables des pires crimes contre l'Humanité? Ma génération qui est aussi à peu près celle d'Ophélie ne s'est pas vraiment posé cette question, mais Honorine, aujourd'hui, se la pose. Elle ne veut pas d'enfant et distille petit à petit ce non désir d'enfant à Gaëlle qui, durant un temps, en voulait un. Elles sont sans doute raison.
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E
Honorine a-t-elle peur des crimes contre l'humanité? Je la comprends très bien. Et je ne t'ai pas donné tous les témoignages des rescapés, avec torture morale et physique. C'est presque pire que La Shoah sur certains points : les hutus avaient peu d'armes classiques. Pour être tué par balle, il fallait payer. Les instruments du crime étaient des machettes, des gourdins avec des clous solides pour mieux faire souffrir, les lances... Les tutsis étaient dépouillés de leurs vêtements, même en présence d'autres tutsis non encore tués. Les hutus agissaient ainsi en rigolant et en chantant... L'horreur totale. ( Bien sûr, il y eu de nombreux viols avant l'assassinat des victimes. )