Overblog me salue avec son " quel plaisir de vous retrouver "! Peut-être cette plateforme salue-t-elle Ophélie sur son dernier site ouvert, un site où elle recueillait les poèmes qu'elle aimait, le dernier étant d'un ami breton Gilles Baudry, bénédictin. Il y a quelques années, j'étais allée le voir dans son abbaye de Landévennec au cours du mois d'août. Le rituel semblait exiger une veillée le 14 août pour commencer à fêter le 15 août, coutume locale sans doute où le moine chargé de l'hébergement ( s'appelle-t-il économe, je ne sais plus? ) trouva intelligent de me demander de lire un longue méditation de mon ami Gilles, me disant qu'il accompagnerait ma lecture à la cithare! J'ai dit qu'il était un peu tard pour me proposer ce jeu théâtral puis je passai trois heures en suant sang et eau sur ce texte que je ne prétendais pas comprendre.
Le moine hébergeur voulut me faire répéter tandis que d'autres moines rangeaient les chaises et bancs de l'église. Ma première lecture fut déclarée trop musicale, montant un peu trop dans les aigus. Sans me démonter, j'ai proposé de changer d'octave, et suis descendue à l'octave d'en-dessous, faisant beaucoup rire les autres moines, l'hébergeur n'ayant pas vraiment le sens de l'humour. Très vite, je compris qu'il était inutile de suivre sa cithare et que je devais accomplir seule ma prouesse théâtrale. Mes graves ne convenaient pas à ce moine enquiquinant qui attendait sans doute une lecture doctorale, mais comme je suis une sale gosse, je lui ai répondu : " Dans mes cours de chant lyrique, je n'ai pas étudié le recto tono (ou l'art de garder exactement la même modulation vocale, cette technique ne s'apprenant que dans les monastères ) " et bien entendu, je demandais que le texte soit lu par son auteur. Inconsciente de mon côté clown, j'ai déchaîné des fous-rires chez les moines présents à qui j'ai demandé de réciter un chapelet pendant que je lirais.
Il fallut bien que je m'exécute! J'ai avancé lentement dans l'espace réservé aux moines, avisé une " faisant fonction de Vierge " devant laquelle je me suis arrêtée pour que le public entende que les mots venaient d'elle. Je lus lentement ce texte, les paroissiens n'ayant pas les mots sous les yeux, fis à nouveau un arrêt devant la " faisant fonction de Vierge ". Le Père Abbé semblait admiratif ou étonné, je ne sais, suis retournée à ma place! Plus tard, tous me félicitèrent persuadés que j'avais pris des cours d'art dramatique ( il est vrai que les cours de chant lyrique nécessitent du théâtre ).
Le lendemain était un quinze août - fête de " la faisant fonction de Vierge ". Mon ami Gilles vint nous rejoindre au réfectoire, et légèrement pompette, après avoir consulté sa montre avoua en rougissant : " j'ai sauté les nonnes comme disent les hôtes " ( Il s'agit d'un office en début d'après-midi ). Gilles était en pleine forme et trouva un moine aussi farfelu que lui : tous deux nous mimèrent Les Vêpres en rock et en rap! Pleurant de rire, j'ai indiqué à Gilles que j'allais sauter Les Vêpres. Me regardant en pétillant de rire, il me demanda de venir quand même! J'eus beau me rafraîchir le visage à l'eau froide, je riais encore, si bien que quand la procession des moines arriva dans l'église, je l'ai vue en accéléré comme sur les tous premiers films, et je pris un fou rire qui fut suivi de celui de quelques amis. A la fin, Gilles me faisait des clins d'oeil, puis vint me voir " ton rire m'a fait du bien : nous nous prenons trop au sérieux devant Dieu ". J'ai eu envie d'évoquer ce souvenir en écho au poème qui figure sur le site d'Ophélie.
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