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27 septembre 2016 2 27 /09 /septembre /2016 13:50

Le bouleversement s'empare de moi en cours de lecture. Indicible beauté que ces mots où se cache un secret dont j'entends, à tort peut-être, l'écho dans la souffrance du monde. " L'oraison, comme j'étais habituée à la pratiquer, devient impossible, la simple prière même. On ne peut pas donner le nom de prière à cette récitation de formules faite avec la sensation très nette que cela ne sert à rien, que Dieu n'écoutera plus jamais. " " Je me souviens qu'un jour j'assistais à un service funèbre. Je me sentais si éteinte, si asphyxiée que comme on chantait le " De profundis ", j'ai trouvé que le psalmiste était bien heureux de pouvoir dire : " Du fond de l'abîme, je crie vers toi, Seigneur! " Si j'avais pu crier, moi ! " ( page 65 : " Camille C ou l'emprise de Dieu " par Henri Caffarel ). L'ouvrage est composé de textes de Camille C et d'analyses de l'auteur qui les présente. Le chapitre où je lis ce qui précède a pour titre : " Portrait spirituel de Camille C". On y trouve les étapes précédant ce que je cite soit la conversion d'une grande scientifique, sa prière fervente où La Grâce Surabonde. J'ignore ce que je cherche dans cette lecture mais je vois, en parallèle, ces photographies de Mère Teresa en noir et blanc pour mieux évoquer sa nuit qu'elle souhaitait que nul ne connaisse, alors que n'émanaient pas du noir et blanc de Mère Teresa mais un Brasier Incandescent. J'en étais captivée lorsque je vivais à Calcutta. Elle ne " faisait pas semblant ". L'intensité de son désir était dans ces braises. Je n'ai pas sous les yeux les écrits de Mère Teresa et ne suis pas certaine qu'il me soit bon de les connaître.

Quelques minutes, interrompue, je reprends ce qui m'a touchée : " que Dieu n'écoutera plus jamais. " Je note d'ailleurs que cette scientifique a la certitude qu'Il a écouté, et c'est beaucoup, et j'ose écrire qu'elle a de la chance car la souffrance du monde passe par " Dieu n'écoute pas. Il est inaccessible, Il est Tout Puissant, Il n'a pas besoin de nous... " et l'on me dira que ce propos présuppose que Dieu existe. Il se trouve que Le Dieu Chrétien n'est pas censé être indifférent, et je me demande jusqu'où descend cette scientifique. En femme intelligente et chercheur, elle se donne la peine de lire " La Nuit obscure " de Saint Jean de la Croix. " Je n'y ai littéralement rien compris. Cela ne m'a aidée en rien. " Elle écrit ailleurs : " J'avais perdu toute intelligence des choses de Dieu. Je n'en comprenais plus ni la doctrine ni le maître. Il me semblait que ce n'était jamais de mon cas qu'il s'agissait. " Ses facultés intellectuelles sont plongées dans les ténèbres. J'ignore si Mère Teresa relève du même registre, et, à nouveau, je sens qu'il est inconvenant de le chercher. Elle souhaitait que tous ses écrits soient brûlés. Camille C ne parle à personne de ce qu'elle vit et n'en manifeste rien. Elle s'étonne : " J'eus la consolation de pouvoir les ( sous-entendu : les autres ) aider spirituellement. On peut étrangement parfois donner aux autres ce qu'on croit ne plus avoir soi-même ". Là, il faut une précision : Camille C a connu la sortie de la nuit, les six dernières années de sa vie. Elle peut donc analyser, a posteriori. Il me paraît encore plus évident qu'il fallait taire l'épreuve de Mère Teresa parce qu'elle n'a jamais pu en transmettre l'analyse. Je note que notre scientifique conseille l'étude pour occuper l'esprit, la métaphysique, la science.... Elle indique que sa foi existe encore, non par elle-même, mais par Dieu. Là, le silence s'impose en moi.

Mais pourquoi suis-je en train d'écrire de telles choses? S'impose un autre fait : Jacques et Raïssa Maritain décident entre seize et dix huit ans de se suicider si la souffrance d'un enfant n'a aucun sens, et si aucun remède ne peut lui être apporter. Pour moi, la souffrance de l'enfant est scandale. Et je songe à la réponse d'Elie Wiesel en camp de concentration à un déporté interrogeant : " mais où est Dieu? ". " Il est là " dit-il en montrant un jeune homme pendu. Etrange et révoltant. Je poursuis ma lecture et les mots de Camille C ressemblent à ceux de Thérèse d'Avila dont je n'ai qu'un petit recueil de poèmes dont le titre est peut-être : " Je vis mais ce n'est plus moi qui vit en moi ". Elle pourrait dire la même chose avec le verbe " aimer ". Et bien, Camille C semble le dire. Je n'y comprends rien et suis un peu révoltée, ceci me confortant dans l'idée du danger d'avoir publié les écrits de Mère Teresa! J'espère qu'elle aimait elle-même : je l'ai perçue ainsi. Il s'agit peut-être d'une adhésion intérieure à une musique du coeur qui devient force motrice. Maurice Bellet évoque L'Opacité Divine, cite aussi " Nuage d'Inconnaissance " d'un auteur ignoré, dans des entretiens chez des dominicains en Belgique. J'ai commencé à écrire à cause de la souffrance du monde entendue en écho à mes lectures, celle-ci incluant aussi la mienne sur laquelle j'interdis toute interprétation psychologique hors sujet. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur moi-même. Voici que je retombe sur la souffrance de Dieu, ce qui peut paraître fou, cette souffrance de n'être pas aimé y compris par les chrétiens. J'ai trouvé ce thème dans une autre citation, il y a deux jours et ceci m'a touchée profondément, même si je n'y comprends rien, bien entendu! L'art se contemple, ne se saisit pas. Pas un mot pour conclure car il n'en existe pas. J'ai besoin d'une pause. Si quelqu'un me lit, qu'il respecte ceci et n'en fasse nul usage.

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commentaires

E
Je suis la première étonnée : l'article est arrivé sur facebook!
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